Rave-party de Lieuron : la justice annule des dizaines d’actes de l’enquête

Cette fête avait été organisée pour le réveillon du Nouvel An 2021 alors que la France se trouvait sous couvre-feu à 20 heures.

Lieuron (Ille-et-Vilaine), le 1er janvier 2021. Des personnes dansent dans un hangar où est organisée une rave-party. AFP/Jean-François Monier
Lieuron (Ille-et-Vilaine), le 1er janvier 2021. Des personnes dansent dans un hangar où est organisée une rave-party. AFP/Jean-François Monier

    La justice a annulé plusieurs dizaines d’actes de procédure dans l’enquête sur la rave-party illégale organisée le 31 décembre 2020 à Lieuron (Ille-et-Vilaine). Elle avait eu lieu en pleine crise sanitaire liée au Covid-19.

    Dans un arrêt du 20 mai, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a annulé les gardes à vue de trois personnes mises en examen ainsi que les perquisitions de leur domicile et de leurs véhicules et tous les actes qui en découlent. L’annulation de ces actes entraîne l’annulation de leur mise en examen, selon deux des avocats de la défense.

    Ces trois hommes, âgés de 28 et 33 ans, étaient mis en examen pour « organisation sans déclaration préalable d’un rassemblement festif à caractère musical » et « mise en danger d’autrui ». Ils avaient été interpellés le 6 janvier 2021 à Saint-Luce-sur-Loire, près de Nantes (Loire-Atlantique), et à Truyes (Indre-et-Loire) avant d’être placés en garde à vue puis mis en examen deux jours plus tard. Environ 2 500 personnes ont participé à ce rassemblement le soir de la Saint-Sylvestre, alors qu’un couvre-feu à 20 heures était en vigueur, suscitant une couverture médiatique nationale et des interrogations sur l’impuissance de l’État.

    Restitution du matériel saisi

    La cour estime que les éléments de preuve n’étaient pas réunis le jour des perquisitions, qui ont donné lieu aux interpellations ainsi qu’à des saisies de matériel de son et de véhicules. « Il doit être constaté que le 6 janvier 2021, date des interpellations, les éléments permettant de soupçonner » que les suspects « avaient participé aux faits incriminés (…) n’étaient pas matérialisés en procédure », peut-on lire dans l’arrêt dont l’AFP a obtenu copie et révélé par Ouest-France. La cour d’appel ordonne également la restitution du matériel saisi lors des perquisitions.

    « À l’époque, il y avait une fébrilité du parquet et du ministre de l’Intérieur avec une volonté affichée de trouver des coupables », a réagi Me Raphaël Kempf, avocat de l’un des participants mis hors de cause. « À trop vouloir interpeller, on est allé chez des gens contre lesquels on n’avait pas d’indices, simplement parce qu’on sait qu’ils appartiennent à un mouvement musical », a-t-il ajouté.

    « Il y a eu une vraie précipitation dans ce dossier, peut-être sous l’effet de la pression politique après l’organisation de la rave-party. Ce n’est pas que c’était mal ficelé, c’est qu’il n’y avait pas de ficelles », a déclaré de son côté Me Marianne Rostan, avocate d’un autre plaignant qui s’est vu confisquer « toutes les affaires de son déménagement dans un camion ». Le parquet de Rennes n’a pas réagi.