Procès de la soumission chimique : une suspension, mais jusqu’à quand ?

Dominique Pelicot, principal accusé de ce dossier tentaculaire, est souffrant depuis plusieurs jours et n’a toujours pas été interrogé. L’audience, qui ne reprendra que lundi, « au mieux », pourrait même être reportée.

La suspension des débats plonge toute l'audience, journalistes compris, dans l'attente. PhotoPQR/Le Dauphiné/Christophe Agostinis
La suspension des débats plonge toute l'audience, journalistes compris, dans l'attente. PhotoPQR/Le Dauphiné/Christophe Agostinis

    C’était un défi logistique, c’est désormais un casse-tête. Avec ses 51 accusés, le procès dit des « viols de Mazan », du nom de cette petite ville du Vaucluse où Dominique Pelicot conviait des inconnus à venir abuser de son épouse préalablement droguée, pourrait devoir être reporté. Son sort est en tout cas suspendu à l’état de santé du principal accusé, malade, et qui n’a plus comparu depuis ce lundi.

    Dominique Pelicot, âgé de près de 72 ans, était alors apparu affaibli devant la cour criminelle du Vaucluse, visiblement en souffrance. Il avait été dispensé d’audience, et était réapparu mercredi matin, dans un état pire encore. « Physiquement, il est là, mais il n’est pas en état de participer aux débats », avait déploré son avocate Me Béatrice Zavarro, évoquant des douleurs aux reins – potentiellement lié à des coliques néphrétiques –, des malaises et des vomissements.

    La veille, un médecin qui l’avait examiné en prison avait pourtant assuré qu’il n’y avait « pas de contre-indication » à sa présence à l’audience… sans lui donner le moindre cachet. Il aura donc fallu attendre cinq jours pour que Dominique Pelicot, qui s’était plaint dès vendredi à l’administration pénitentiaire, soit pris en charge à l’hôpital, et évalué. « L’état de santé de Monsieur Pelicot s’est aggravé », avait annoncé, à regret, le président de la cour Roger Arata mercredi après-midi.

    Personne ne veut témoigner en son absence

    Toute la semaine, les débats s’étaient poursuivis en son absence, alors même qu’on évoquait sa vie, sa personnalité et les expertises psychologiques et psychiatriques le concernant. Puis celles de certains coaccusés, les témoignages de leurs proches… Mais jeudi après-midi, le président Arata a dû se rendre à l’évidence : sans Dominique Pelicot, le procès se trouve désormais dans une impasse.



    Impossible notamment d’interroger Jean-Pierre M., avec qui il aurait violé la femme de celui-ci, puisque les deux hommes s’accusent mutuellement d’en avoir eu l’idée. Ni la partie civile, ni Dominique Pelicot lui-même ne souhaitent non plus que ses fils, son frère et son gendre ne témoignent en son absence. Ni que les avocats de la défense, dont certains clients estiment qu’elle faisait semblant de dormir, ne questionnent Gisèle Pelicot s’il n’est pas là.

    VidéoProcès des viols de Mazan : le principal accusé hospitalisé pour une « infection urinaire »

    Le procès a donc été suspendu jeudi après-midi, et reprendra lundi « au mieux », a annoncé Roger Arata. « Et s’il n’est pas disponible ? » s’est enquise Me Zavarro. « C’est la catastrophe ! » a répondu le président, provoquant quelques rires – nerveux – parmi les avocats de la défense. Compte tenu du retard accumulé, le calendrier a déjà été remanié pour prendre en compte les agendas des uns et des autres, mais chaque report compromet un peu plus la bonne tenue du procès, prévu pour durer jusqu’à Noël.

    « S’il est durablement indisponible, c’est le renvoi de l’affaire »

    Lundi matin, le président indiquera si Dominique Pelicot peut comparaître, et être interrogé. Depuis le début de son procès, il y a dix jours, il n’a ouvert la bouche que pour décliner son identité et répondre « oui » à la question de savoir s’il reconnaissait les faits.

    « S’il n’est pas là pour un, deux ou trois jours, on prolongera la suspension. Mais s’il est durablement indisponible, c’est le renvoi de l’affaire », a prévenu Roger Arata, faisant planer le spectre d’un report du dossier… et d’un nouveau casse-tête pour trouver des dates et une salle disponibles.