Séismes en Turquie et en Syrie : ce que l’on sait de la catastrophe qui a fait plus de 3 800 morts

Un séisme de magnitude 7,8 a eu lieu dans le sud-est turc dans la nuit de dimanche à lundi. Au moins 3 800 personnes sont mortes et plus de 18 000 sont blessées. Le bilan ne cesse de s’alourdir, alors qu’une réplique de magnitude 7,5 a été enregistrée.

    Un dramatique séisme a eu lieu dans le sud-est de la Turquie dans la nuit de dimanche à ce lundi. Les victimes se comptent par milliers, qu’il s’agisse des morts ou des blessés. Le président Erdogan a décrété un deuil national de sept jours dans le pays et toutes les compétitions sportives sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.

    Où la secousse s’est-elle produite ?

    À 4h17 heure locale, un tremblement de terre de magnitude 7,8 s’est déclenché dans le district de Pazarcik, au nord de Gaziantep. La profondeur de la secousse était de près de 18 km. La puissance particulièrement forte et la profondeur relativement faible sont deux facteurs propices à un lourd bilan.

    La zone concernée se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne. Ramazan, 31 ans vit avec sa famille à Diyarbakir, une grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. Comme ses voisins, il a été réveillé ce lundi vers 4h15 « par de violentes secousses ». « Nous n’avons pas tout de suite compris ce qui nous arrivait. Ma mère, ma femme, ma fille et moi sommes immédiatement sortis de l’immeuble. Il y avait tellement de peur et d’agitation autour de nous. C’est la première fois que j’assiste à un séisme aussi long et violent, raconte-t-il au Parisien. J’ai entendu des pleurs et des cris dans tout le quartier. C’est une peine indescriptible ».

    La secousse a également été ressentie au Liban et à Chypre. Selon l’institut géologique danois, elle a même été enregistrée jusqu’au Groenland.

    USGS
    USGS

    Plus de 120 répliques ont été enregistrées selon Orhan Tatar, directeur des services de secours, cité par TRT. La plus puissante, de magnitude 7,5, a eu lieu un peu avant 13h30 (11h30 à Paris). Elle est moins profonde, car située à environ 10 km sous le sol.

    Quel est le bilan ?

    Le bilan ne cesse d’empirer. Ce lundi en fin de soirée, le dernier faisait état de plus de 3 800 victimes, dont au moins 1 444 en Syrie et 2 379 en Turquie, selon les services de secours. Des milliers d’autres personnes sont blessées et recherchées. On dénombrait 14 483 blessés en Turquie et 3 531 côté syrien. En Turquie, 7 340 personnes avaient lundi soir été extraites vivantes des décombres.

    Environ 10 000 secouristes turcs sont à pied d’œuvre pour tenter de retrouver des survivants. 3 471 immeubles se sont déjà effondrés dans tout le pays. Le bilan risque encore d’évoluer dans les villes touchées dont Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir. À Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé.

    Le footballeur ghanéen Christian Atsu, meilleur joueur de la CAN 2015, fait partie des personnes portées disparues. La veille, l’ailier du club de Hatayspor avait inscrit le but victorieux de son équipe face à Kasimpasa (1-0) en championnat. Son coéquipier Onur Ergün et son directeur sportif, Taner Savut sont également recherchés. Eyup Türkaslan, gardien de but du Yeni Malatyaspor (club aujourd’hui en deuxième division), était toujours coincé sous les décombres.

    Alep (Syrie), lundi. Des personnes regardent des secouristes tenter de retrouver des survivants au milieu des ruines. AFP
    Alep (Syrie), lundi. Des personnes regardent des secouristes tenter de retrouver des survivants au milieu des ruines. AFP AFP or licensors

    En Syrie, dans les zones contrôlées par les rebelles en guerre avec le régime de Bachar Al-Assad, on dénombre près de 400 morts. « Des centaines de familles se trouvent sous les décombres », selon les Casques blancs, services de secours civils locaux. Alep, deuxième ville du pays et située dans le Nord, Hama (centre) et Lattakié, sur la côte méditerranéenne, font partie des régions les plus touchées.

    Demande d’aide et réactions internationales

    « Toutes nos équipes sont en alerte. Nous avons émis une alarme de niveau quatre. C’est un appel y compris à l’aide internationale », a déclaré le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu. « Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter leur assistance », a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Une minute de silence a été observée à l’Assemblée générale de l’organisation.

    L’Azerbaïdjan a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, selon l’agence officielle turque Anadolu. L’Union européenne a aussi envoyé des équipes de secouristes en Turquie, a annoncé le commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarcic. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Inde ou encore Israël se sont dits prêts à faire de même. Le président américain, Joe Biden, a promis à son homologue turc de lui fournir « toute l’aide nécessaire ».

    La France est « prête à apporter une aide d’urgence aux populations », a également déclaré Emmanuel Macron. « Des images terribles nous viennent de Turquie et de Syrie après un tremblement de terre d’une force inédite », a poursuivi le président de la République sur Twitter, en français et en turc. À sa demande, « 139 secouristes de la sécurité civile » doivent décoller ce lundi soir de Paris, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

    L’Italie a proposé à la Turquie l’aide de sa Protection civile. La Première ministre, Giorgia Meloni, « suit constamment la situation ». « Nous suivons, bouleversés, les nouvelles, a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz sur Twitter. L’Allemagne va bien entendu envoyer de l’aide. » De son côté, le Kremlin, allié de la Syrie, a indiqué que des équipes de secouristes allaient partir pour le pays, alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider aux secours.

    Damas a aussi pressé la communauté internationale de lui venir en aide. « La Syrie appelle les Etats membres de l’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et d’autres groupes humanitaires (…) à soutenir les efforts du gouvernement syrien pour faire face au séisme dévastateur », a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères. La Grèce, malgré ses relations orageuses avec son voisin, a promis « de mettre à disposition (…) toutes ses forces pour venir en aide à la Turquie » et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé Erdogan pour offrir une « aide immédiate » à la Turquie.

    Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a lui annoncé avoir « approuvé » l’envoi d’aide à la Syrie, mais l’information a rapidement été démentie par le régime syrien. La Syrie ne reconnaît pas l’existence d’Israël, et les deux pays sont toujours en état de guerre.

    Des immeubles et un château effondrés

    Tant en Turquie qu’en Syrie, de très nombreux bâtiments se sont effondrés, y compris plusieurs heures après la première secousse. C’est le cas de cet immeuble de la ville turque de Sanliurfa.

    Le château de Gaziantep a été détruit en partie. Construit au milieu du premier millénaire, il a été rénové pour l’an 2000.

    Par mesures de « sécurité », le Kurdistan d’Irak a annoncé suspendre ses exportations de pétrole via la Turquie, afin d’empêcher « tout incident indésirable ».

    Une zone très exposée

    Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui a causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul. La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.

    Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le Nord-Ouest, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités. En janvier 2020, un séisme de magnitude 6,7 a touché les provinces d’Elazig et de Malatya (Est), faisant plus de 40 morts. En octobre de la même année, un tremblement de terre de magnitude 7 en mer Égée a fait 114 morts et plus de 1 000 blessés.