Enseignante poignardée à Saint-Jean-de-Luz : l’élève de 16 ans assure avoir « entendu des voix »

La professeure d’espagnol, âgée de 53 ans, est décédée ce mercredi matin. Le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye est attendu sur place.

    Drame ce mercredi matin à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Un élève de 16 ans a poignardé son enseignante du collège-lycée Saint-Thomas-d’Aquin, a indiqué dans la foulée Jérôme Bourrier, procureur de la République de Bayonne, auprès du Parisien. L’enseignante est décédée.

    Les forces de l’ordre ont été alertées aux alentours de 10 heures, nous indique une source policière, peu après l’agression de cette professeure d’espagnol âgée de 53 ans, qui a été poignardée avec une arme blanche. D’après nos informations, l’adolescent a sorti un couteau de son sac à dos durant le cours et s’en est pris à l’enseignante qui a été mortellement touchée au sternum. Lorsque les secours arrivent, la victime est en arrêt cardio-respiratoire.

    L’adolescent de 16 ans dit avoir « entendu des voix »

    On ne connaît ni les intentions, ni les motifs du passage à l’acte de l’adolescent à ce stade mais ce dernier, né en 2007, a été interpellé. Selon nos informations, il est inconnu de la justice et aurait déclaré avoir « entendu des voix » lui disant de tuer son enseignante. Il a également ajouté être « possédé ». L’enquête a été confiée par le parquet à la police judiciaire de Bordeaux (Gironde).

    D’après le procureur de la République de Bayonne, qui se rendait sur place vers 11 heures ce mercredi, l’agresseur présumé était un élève de la classe de la victime.

    Les autres élèves de l’établissement scolaire catholique ont été priés de rester dans leurs classes, selon France Bleu qui a révélé l’agression. La rectrice de l’Académie et Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation, doivent se rendre sur place. Ce dernier donnera une conférence de presse, à 16 heures, à Saint-Jean-de-Luz.

    Ines 15 ans a du mal à réaliser ce qui s’est passé. La lycéenne était en cours d’espagnol, au fond de la classe lorsque le lycéen, assis au premier rang s’est levé et a poignardé la professeure. « Tout s’est passé très vite, il n’y a pas eu tant de cris, l’un de nous a ouvert la porte qui donnait sur une autre classe et on a couru » raconte a-t-elle aurpès du Parisien. Elle ne connaissait que très peu l’auteur des faits, ne se souvient même pas de son prénom, confesse-t-elle un peu étourdie. Une fois la porte ouverte, elle a couru loin avec une amie, hors de l’établissement, au delà des parkings qui le borde, « je n’ai pas réfléchi, il fallait que je m’éloigne vite ».

    Depuis ce matin, Inès n’a pas eu de nouvelles de ses camarades car elle a laissé toutes ses affaires dans la classe, dont son téléphone.

    Tom était aussi présent ce mercredi matin au lycée. « On était en cours et on avait deux heures d’histoire, il était aux alentours de 10 heures quand on nous a demandé de passer la récréation dans notre classe pour un soi-disant exercice de sécurité. Comme nous avions tous nos téléphones et que certaines rumeurs commençaient à tourner, on a su que l’incident était arrivé. Nous sommes restés deux heures enfermées dans la classe avant que la CPE nous ouvre la porte et nous dise de sortir. Ensuite on est sortis par un chemin bien précis, les élèves qui n’étaient pas dans les classes voisines de l’étage sont rentrés chez eux et il y avait les militaires et la police. Pour ceux qui étaient dans les classes voisines, ils sont restés et ils ont vu des psy je crois. »

    « Une tragédie qui fait écho à l’assassinat de Samuel Paty »

    « Immense émotion suite au décès aujourd’hui d’une professeure au lycée Saint-Thomas-d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Mes pensées pour sa famille, ses collègues et ses élèves. Je me rends sans délai sur place », a écrit Pap Ndiaye sur Twitter.

    À la sortie du Conseil des ministres ce jour, le porte-parole du gouvernement a eu une « pensée terrible » pour l’enseignante mortellement touchée dans l’exercice de ses fonctions et a affiché « tout le soutien que nous portons à la communauté éducative dans son ensemble ». Olivier Véran a par ailleurs évoqué le « traumatisme que ça peut représenter à l’échelle de la Nation ».

    « C’est un choc. Une tragédie qui fait écho à l’assassinat de Samuel Paty et d’autres événements de violence envers des professeurs qui se sont terminés moins tragiquement. On a besoin d’avoir davantage d’informations, regrette Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat des enseignants UNSA. Nous avons une pensée pour la famille de la victime et pour l’ensemble de la communauté éducative. »

    VIDÉO. Enseignante poignardée à Saint-Jean-de-Luz : le « soutien » du gouvernement à la communauté éducative

    « C’est très inattendu, étant donné le profil de cet établissement favorisé, s’étonne Serge Hastoy, délégué FEP-CFDT du Pays basque, qui se rend sur place. Rien ne laissait penser que cela pouvait arriver ici, il n’y a pas, à ma connaissance, de précédent. C’est l’horreur absolue. Ensuite, j’espère que le ministère ne nous dira pas de ne pas faire de vague. On voudra des réponses. »

    « Ce n’est hélas pas une première. Ce drame montre que cela peut arriver n’importe où, s’offusque de son côté Françoise Du, responsable de l’association des professeurs de langue vivante. On s’en est une fois de plus pris à un enseignant. Il faut des états généraux du métier, des vrais ! »