A Issy-Moulineaux, un trompe-l’œil tente de faire respecter la distanciation sociale

Une fresque a été peinte au sol, en face du Monoprix du centre-ville, pour matérialiser le mètre de distance à respecter. Mais peu de clients comprennent l’utilité de l’œuvre sans explications.

 Issy-les-Moulineaux, le 25 juin 2020. Deux street artistes de l’association Kobraphobie, dont Sir Kob, ont réalisé une œuvre en trompe-l’œil au sol, les planches des ponts sur l’eau matérialisant le mètre de distance.
Issy-les-Moulineaux, le 25 juin 2020. Deux street artistes de l’association Kobraphobie, dont Sir Kob, ont réalisé une œuvre en trompe-l’œil au sol, les planches des ponts sur l’eau matérialisant le mètre de distance. LP/A. H.

    Quand les passants ne s'engouffrent pas à toute vitesse dans le Monoprix du centre-ville d'Issy-les-Moulineaux, sans un coup d'œil vers elle, l'œuvre peinte au sol à l'entrée du magasin attire des regards interloqués. Nombreux sont les promeneurs à ralentir le pas pour mieux observer ces ponts suspendus au-dessus d'une rivière en trompe-l'œil. Mais peu d'entre eux, parmi ceux que nous avons interrogés, en comprennent l'intérêt.

    À l'initiative du projet, le territoire Grand Paris-Seine Ouest (GPSO) explique que chaque planche représentant un pont au-dessus d'une rivière située en contrebas, façon Indiana Jones, matérialise le mètre de distance conforme aux consignes sanitaires en vigueur pendant la crise sanitaire.

    « C'est sympa, mais est-ce que les gens ont compris ? Je suis sûre que plein de monde, à commencer par moi, ne sait pas à quoi ça sert », réagit Liliane. Brian et Célia, 23 et 25 ans, n'arrivent même pas « à voir ce que ça représente ». On explique. « Aaah, c'est pour faire la queue dehors ! Faut le comprendre, des marquages seraient nécessaires. »

    LP/A.H.
    LP/A.H. LP/A. H.

    « Prendre conscience de l'espace autour de soi »

    Mais Sophie trouve le concept « rigolo ». « La créativité est partout, sourit la danseuse. C'est une manière d'introduire l'art dans des choses pas drôles. Prendre conscience de l'espace autour de nous, c'est ce que nous apporte le coronavirus. »

    C'est tout l'objectif de GPSO : « ce dispositif vise à utiliser l'art pour amener les gens à respecter des règles, qui ne sont pas forcément spontanées », explique-t-on au sein de l'établissement territorial. Où l'on va toutefois « réfléchir à un moyen de signaler le principe de l'œuvre plus fortement, à l'aide d'un panneau explicatif, en concertation avec le Monoprix ».

    Le street artiste Sir Kob, de son vrai nom Vincent Elleaume, a passé la journée de mardi à réaliser cette œuvre « écologique », avec l'aide d'un stagiaire du collectif Kobraphobie.

    « Dans le cadre d'un concours interne dans l'association, j'ai vu que l'eau était symbole de liberté pour les enfants, explique Sir Kob. Le pont suspendu, c'est ma manière de jouer sur le mètre séparateur. J'ai eu plaisir d'intégrer ça en centre-ville : sous les pavés, la nature. »

    Un autre trompe-l'œil à Marnes-la-Coquette

    Marnes-la-Coquette a été la première ville à répondre favorablement à l'idée de GPSO. Sir Kob y a déjà réalisé une œuvre en trompe-l'œil, aux abords de l'école Maurice-Chevallier « pour cadrer les enfants et leur expliquer les principes de distanciation physique au moment du déconfinement ».

    Même principe : des planches au-dessus d'une rivière, qui se fait ici moins menaçante et est peuplée de personnages aquatiques de dessins animés. Dans les deux cas, les œuvres sont conçues pour durer plusieurs mois.