Tours jumelles : un cheikh saoudien mis en examen

Les juges parisiens viennent de mettre en examen un homme d'affaires pour « corruption active » dans l'enquête visant Patrick Balkany, maire UMP de la ville.

Tours jumelles : un cheikh saoudien mis en examen

    Le dossier du projet avorté des tours jumelles est dorénavant au coeur des investigations des juges Van Ruymbeke et Simon, chargés de l'instruction à tiroirs visant le couple Balkany. Après Patrick Balkany le 21 octobre, c'est le cheikh Mohamed Bin Issa Al Jaber qui vient d'être rattrapé par la justice. Le soupçon de commission occulte émerge clairement de cette mise en examen du cheikh pour « corruption active », tandis que, le mois dernier, le député-maire UMP de Levallois a été, lui, mis en examen pour « corruption passive ».

    Voilà plusieurs semaines que le nom de Mohamed Bin Issa Al Jaber circule. Considéré comme la 5 e fortune d'Arabie saoudite, l'homme d'affaires devait porter, à Levallois, un projet pharaonique de tours jumelles sur les bords de Seine. Un projet à 1 Mdâ?¬ qui avait même fait se déplacer Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, le jour de la signature des droits à construire (240 Mâ?¬), en juin 2008.

    Après plusieurs retards de paiement, l'opération avait finalement été abandonnée. En novembre 2010, le tribunal de grande instance de Nanterre avait cassé la vente. Puis, en 2011, le tribunal de commerce de Paris avait condamné l'homme d'affaires à des dommages et intérêts d'un montant de 20 Mâ?¬. « On a l'impression que les juges ont tiré sur le fil d'une pelote de laine, et que cela n'est pas près de s'arrêter, commentait, hier, Anne-Eugénie Faure, élue d'opposition PS de Levallois. Et cette nouvelle mise en examen est logique, car ce n'est pas plus légal du côté du corrupteur que du corrompu... »

    En outre l'élue socialiste estime que le projet avorté de tours a coûté bien plus à la commune que les 20 Mâ?¬, assurant d'ailleurs ne « jamais avoir entendu parler de leur versement ». « Entre les études de la SEM (société d'économie mixte), l'immobilisation du terrain et les intérêts de la dette liés à cette parcelle, nous avions estimé à 100 Mâ?¬ la facture pour les Levalloisiens », ajoute-t-elle.

    Pour le couple Balkany, les ennuis ont commencé à la fin de l'année dernière quand une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » a été ouverte. Isabelle Balkany a été la première mise en examen en mai, suivie de près par l'homme de confiance de son mari, Jean-Pierre Aubry. Ce dernier est désormais sous le coup de deux mises en examen, la seconde pour « corruption » remontant à début octobre. Directeur général de la Semarelp, la société d'économie mixte de Levallois par laquelle transitent tous les projets immobiliers de la commune, il a ensuite démissionné de son poste le 14 octobre.

    Ce volet corruption fait suite au signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances. Les enquêteurs s'interrogent notamment sur des fonds reçus sur un compte à Singapour et sur les conditions d'acquisition d'une villa à Marrakech, dont les Balkany assurent ne pas être les propriétaires. Au-delà du dossier des tours, ce sont les projets immobiliers pilotés par la Semarelp qui intéressent également la justice.