Grand Paris : les trottinettes veulent se racheter une image

Après les menaces de Paris sur la pérennité du service, les opérateurs de trottinettes électriques en libre-service veulent montrer qu’ils agissent pour encourager les bonnes pratiques.

 L’opérateur de trottinettes Lime lance une grande campagne de communication à partir de ce jeudi pour encourager les bons comportements.
L’opérateur de trottinettes Lime lance une grande campagne de communication à partir de ce jeudi pour encourager les bons comportements. LP

    Ils veulent le faire savoir. Depuis que Paris a menacé d'interdire les trottinettes s'il n'était pas mis un terme au « bordel généralisé », les opérateurs multiplient les actions pour encourager les bonnes pratiques chez leurs usagers.

    Une grande campagne d'affichage pour Lime

    Dès ce jeudi, Lime, l'un des leaders des trottinettes en libre-service à Paris, va lancer une grande campagne de communication.

    Jusque mi-juin, 300 affiches, que le Parisien vous dévoile, vont apparaître dans les stations de métro et 200 dans des abris bus de la capitale : « L'objectif est de toucher l'ensemble des Parisiens, qu'ils soient utilisateurs ou non de nos services, explique Arthur-Louis Jacquier, le directeur général de Lime France. Nous avons connu un succès rapide, mais il faut maintenant travailler aux bons usages. Les gens ne les connaissent pas toujours ».

    Lime

    Lime a aussi misé sur d'autres actions : « Notre académie forme deux fois par semaine, les nouveaux utilisateurs, nous organisons des événements de sensibilisation, détaille Arthur-Louis Jacquier. Nous voulons nous inscrire dans le long terme. Il faut montrer à la population et à la mairie de Paris que nous faisons un gros travail pour améliorer les comportements ».

    Il reste encore un peu de chemin. L'entreprise reconnaît qu'en moyenne, elle doit aller chercher « une à deux trottinettes » par jour à la fourrière. En s'acquittant, à chaque fois, de 60 € par véhicule pour les en sortir.

    Des moyens humains pour déplacer les engins mal garés

    Enfin, Lime déploie aussi des moyens humains. Une cinquantaine de personnes, à temps plein dans l'entreprise. Appelées « les patrouilleurs », elles seront chargées de déplacer les engins mal garés sur les trottoirs ou sur les passages piétons.

    LIRE AUSSI > Paris : blessée par une trottinette électrique, la pianiste ne sait pas si elle pourra rejouer

    Elle ne sera d'ailleurs pas la seule. Quasiment tous les opérateurs vont recourir à ce genre de service. Chez Hive, ce sont cinquante « ambassadeurs » qui sillonneront les rues de Paris. Chez Dott, ils seront une dizaine à circuler à vélo cargo ou électrique pour repositionner les engins. Tout comme Tier, qui mettra en place une patrouille d'une dizaine de personnes d'une société prestataire. Quant à Bird, il les a nommés les « Bird watchers ». Ils seront une vingtaine à patrouiller de 8 heures à 18 heures.

    Mails, affichettes, rappel des règles

    Plus original, chez Jump, les trottinettes d'Uber, des affichettes plastifiées vont être accrochées sur chacune des trottinettes, rappelant aux utilisateurs les règles à respecter (où se garer, où rouler etc.).

    Ce sont aussi les applications qui vont être modifiées pour rappeler les consignes. Comme pour Bolt qui a lancé « Les 6 commandements » accompagnés d'un quiz ludique. Ou encore des numéros de téléphone ou une adresse mail dédiée pour signaler un engin mal garé.

    Flash change de nom

    Quant à Flash, il vient d'annoncer ce mardi son changement de nom, et devient « Circ ». « Cela représente plus ce que nous sommes, un acteur responsable qui s'intègre dans une économie circulaire avec les villes et les habitants », indique Stéphane Mac Millan, directeur France de Circ. Là où Flash n'évoquait que la vitesse… Pas idéal quand on veut montrer que ces engins ne sont pas des dangers publics.

    Les trottinettes en libre-service Flash rebaptisées Circ.

    Tout pour éviter les quotas

    Pourquoi des actions tous azimuts ? « Nous avons tous la même priorité, rappelle Kenneth Schlenker, le directeur France de Bird. Que ces milliers d'usagers se comportent au mieux pour assurer la pérennité du service ». L'interdiction n'est pas la seule menace. Elle pourrait s'accompagner de quotas.

    Lors de la signature de la charte, Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme, avait aussi affirmé que le nombre de trottinettes ne pouvait pas croître de façon indéfinie : « Si nous suivons les courbes de croissance, nous pourrions aller jusqu'à 30 0000 voire 40 000 véhicules. Ce ne sera pas tolérable, ni toléré », avait-il déclaré.

    Sauf que si la ville veut conserver le nombre actuel de véhicules, ce sont les deux leaders - Bird et Lime - qui garderont la main. « Il faudrait trouver un moyen plus équitable si on veut encourager les initiatives responsables et les sociétés européennes », glisse Maxim Romain, le directeur France de Dott.

    « Ce serait dommage de ne pas réussir à les faire circuler sans désordre »

    Mais dans le cas contraire, il faudrait que les deux premiers arrivés acceptent de réduire ou limiter leur flotte pour permettre aux autres de croître un peu : « Et ce ne serait en effet pas l'idéal », lâche pudiquement Arthur Louis Jacquier.

    Stéphane Mac Millan, pour Flash/Circ, a au contraire anticipé en réduisant sa flotte de 3 000 à 2 500, après la signature de la charte. Et appelle à la responsabilité de chacun, pour éviter une « situation catastrophique » cet été. « Chacun fait des promesses à qui mieux mieux, mais peu se retraduisent dans les faits. Les Américains ont un peu pris Paris pour leur terrain de jeu », tacle-t-il.

    « Les trottinettes ne prennent pas trop de place, ne font pas de bruit, ne polluent pas, souffle un autre opérateur. Ce serait dommage de ne pas réussir à les faire circuler sans désordre ».