Assaut du Capitole, documents classifiés, fraude en Géorgie… les cinq enquêtes qui visent Donald Trump

L’ancien président américain a de nouveau été inculpé ce mardi dans le cadre d’une enquête sur ses tentatives d’inversion des résultats de l’élection présidentielle de 2020. Un nouveau déboire judiciaire qui risque de peser sur sa candidature à un second mandat.

Malgré ses déboires judiciaires, Donald Trump reste le favori des primaires républicaines pour l'élection de 2024. AFP/Kena Betancur
Malgré ses déboires judiciaires, Donald Trump reste le favori des primaires républicaines pour l'élection de 2024. AFP/Kena Betancur

    Donald Trump n’en a pas fini avec la justice. L’ancien président a même été inculpé, mardi, pour avoir tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle en 2020, notamment lors de l’assaut du Capitole. Alors qu’il a officialisé sa candidature aux primaires républicaines en novembre dernier, pour lesquelles il est le favori, l’ancien président cumule deux poursuites au pénal et trois enquêtes sur le dos. Le Parisien les liste.

    • Tentatives d’inversion des résultats de la présidentielle 2020 et assaut du Capitole du 6 janvier 2021

    Dans cette affaire, on reproche à Donald Trump d’avoir contesté les résultats de l’élection présidentielle 2020 et d’avoir incité à l’insurrection du 6 janvier 2021 au Capitole à Washington. Alors que la victoire de Joe Biden à l’élection de 2020 devait être certifiée par le Congrès, plusieurs centaines de supporters de Donald Trump ont fait irruption à l’intérieur du siège du congrès américain pour tenter d’empêcher la procédure. L’évènement, inédit dans l’histoire de la démocratie américaine a fait 7 morts. Un mois après les faits, le candidat républicain à la prochaine présidentielle américaine a été acquitté par le Sénat. Par la suite, la Chambre des représentants lance une commission d’enquête pour déterminer les causes et les conséquences de l’insurrection.

    Ce mardi, l’ancien président américain a été inculpé pour « complot à l’encontre de l’État américain », « d’entrave à une procédure officielle » et « d’atteinte aux droits électoraux ». « Malgré sa défaite, le prévenu était déterminé à rester au pouvoir. Par conséquent, durant plus de deux mois après le scrutin du 3 novembre 2020, le prévenu a diffusé des mensonges selon lesquels il y avait eu des fraudes ayant modifié le résultat et qu’il avait en fait gagnés ». « Ces allégations étaient fausses et le prévenu savait qu’elles étaient fausses », peut-on y lire.

    Selon la politologue et ancienne correspondante de la BBC à Washington, Marie-Christine Bonzom, il faut noter que le procureur spécial « n’inculpe pas Donald Trump de sédition ni d’incitation à la violence qui a eu lieu le 6 janvier 2021 mais d’avoir menti sciemment sur sur une fraude électorale afin d’obtenir le changement des résultats de l’élection présidentielle ». Or, ces deux grands chefs d’accusation « étaient retenus par la commission parlementaire dirigée par les démocrates ».

    « Le plus grand danger pour Trump dans cette affaire est le tribunal et les jurés auquel il fera face, plus que le dossier en lui-même puisque les deux grands chefs d’inculpation n’ont pas été retenus », explique Marie-Christine Bonzom. L’ex-président devrait en effet se retrouver face à Tanya Chutkan, une juge démocrate et un jury tiré au sort parmi les habitants de Washington « une ville qui a voté Biden à plus de 92 % ».

    • Documents classifiés de la Maison Blanche conservés après son mandat

    Dans cette autre affaire, Donald Trump a été inculpé en juin et juillet par la justice fédérale dans le cadre d’une enquête portant, elle, sur sa gestion négligente de documents confidentiels, une première pour un ancien président américain. Le milliardaire est accusé dans ce dossier d’avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche en janvier 2021 dans sa résidence de Floride, au lieu de les remettre aux Archives nationales comme l’y oblige la loi.

    Mi-juin, il plaide non coupable des 37 premiers chefs d’accusation retenus contre lui. Inculpé fin juillet de chefs supplémentaires, il nie en bloc. Un procès est prévu en mai 2024, en pleines primaires républicaines.

    Marie-Christine Bonzom estime que c’est « l’affaire la plus dangereuse pour le candidat Trump sur le plan judiciaire », « le dossier (étant) le plus solide juridiquement ». Pourtant, cette affaire non plus ne semble pas le déstabiliser d’un point de vue électoral. « À chaque fois qu’il a été inculpé ces derniers mois, cela ne lui a pas nui, mais l’a boosté dans les sondages », indique la politologue. Cela s’explique par différents facteurs selon la spécialiste. « Trump est un homme politique hors-norme qui semble toujours être habile à persuader son électorat », précise-t-elle. D’autant plus qu’il utilise un contexte de méfiance accrue vis-à-vis du pouvoir : « Il s’appuie sur un terrain fertile au sein de l’opinion publique américaine quand il accuse le gouvernement fédéral de commettre des abus de pouvoir. »

    • La tentative de fraude électorale en 2020 en Géorgie

    Une autre inculpation pèse sur les épaules du républicain. Ce dernier est impliqué dans une tentative de fraude électorale en Géorgie lors de l’élection de 2020 qui l’opposait à Joe Biden. Il aurait demandé au secrétaire d’État républicain Brad Raffensperger de trouver suffisamment de votes pour que cet État clé bascule républicain. Malgré les tentatives, la Géorgie a été remportée d’une courte tête par Joe Biden.

    Une procureure de l’État enquête depuis 2021 sur le milliardaire républicain et a chargé un grand jury de citoyens de déterminer s’il existait assez d’éléments pour l’inculper. Elle est parvenue à recueillir des témoignages de ses proches et a laissé entendre qu’elle pourrait demander une inculpation d’ici à la fin du mois d’août.

    • L’affaire Stormy Daniels

    Cette quatrième affaire remonte, elle, à l’élection de 2016. Donald Trump y est accusé d’avoir « orchestré » des paiements en vue d’obtenir le silence de trois individus dont les révélations auraient pu lui être dommageables à l’approche de l’élection présidentielle de 2016. En cause notamment, l’avocat de l’ex-président Michael Cohen qui a versé 130 000 dollars à l’actrice pornographique Stormy Daniels pour qu’elle taise une relation extraconjugale supposée remontant à 2006.

    Bien que de tels paiements ne soient pas illégaux en soi, Donald Trump les a inscrits comme « frais juridiques » dans les comptes de son entreprise. L’ancien président, qui a comparu le 4 avril à New York, a plaidé non coupable. Un procès est également attendu.

    • Condamnation pour agressions sexuelles en 1996

    Le milliardaire a été condamné en mai dernier par le tribunal civil de New York à verser 5 millions de dollars de dommages et intérêts à l’ancienne journaliste E. Jean Carroll qu’il a agressée sexuellement en 1996. La plaignante avait porté plainte pour viol et agressions sexuelles mais l’ancien président n’a pas été reconnu coupable du viol. Donald Trump a tout de même fait appel de la décision.

    En juin dernier, un juge fédéral a reconsidéré la décision initiale dans laquelle E. Jean Carroll demandait 10 millions de dollars. Un nouveau procès attend donc le candidat républicain à la présidence en janvier prochain.