« Ça peut éclater en une fraction de seconde » : en plein regain de tensions avec Israël, les Libanais retiennent leur souffle

Après une frappe contre le Golan qui a tué 12 jeunes, imputée au Hezbollah par Israël, la crainte d’un embrasement de la région repart de plus belle au Proche-Orient. Une perspective vertigineuse pour des Libanais partagés entre la crainte de voir le conflit ravager tout le pays et la volonté de poursuivre coûte que coûte leur vie quotidienne.

Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols face au regain de tensions, laissant les voyageurs de l'aéroport de Beyrouth-Rafic Hariri suspendus à de nouvelles annonces. REUTERS/Emilie Madi
Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols face au regain de tensions, laissant les voyageurs de l'aéroport de Beyrouth-Rafic Hariri suspendus à de nouvelles annonces. REUTERS/Emilie Madi

    En 48 heures à peine, le vent de panique s’est levé. Vols suspendus vers Beyrouth, diplomaties internationales à l’œuvre pour éviter le pire… Le Liban connaît une nouvelle poussée de fièvre après une attaque à la roquette qui a coûté la vie à 12 jeunes samedi sur le plateau du Golan syrien, annexé en grande partie par Israël. L’État hébreu a déjà lancé une riposte contre le Hezbollah libanais, qu’il met en cause, et promet une « réponse sévère », laissant les capitales occidentales craindre un embrasement.

    Mais pour Batoul, ce regain de tensions n’a rien changé à un quotidien déjà angoissant. « La guerre, on la vit déjà », soupire cette habitante de Ghaziyé, dans le sud du Liban, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière israélienne, où les tirs fusent de part et d’autre depuis des mois. Depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre dernier entre Israël et le Hamas palestinien, allié du Hezbollah, son village a déjà été endeuillé à plusieurs reprises, des combattants du mouvement chiite mais aussi des civils. Surtout, la jeune femme de 26 ans reste traumatisée par une frappe israélienne qui s’est abattue non loin de chez elle, le 19 février dernier. Elle se souvient encore d’avoir vu par la fenêtre de sa chambre « le feu monter de la terre, dans un bruit terrifiant ». « À partir de là, je me suis dit : j’ai tout vu, tout entendu, alors je vais continuer. Il faut vivre avec », lâche-t-elle dans un léger rire de résignation.