«Camps de concentration» au Xinjiang : Pékin dément l’accusation des Etats-Unis

Ces propos sont « totalement contraires aux faits », a réagi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

 Manifestation en soutien aux Ouïghours détenus dans le Xinjiang, le 27 avril 2018, à Bruxelles.
Manifestation en soutien aux Ouïghours détenus dans le Xinjiang, le 27 avril 2018, à Bruxelles. AFP/Emmanuel Dunand

    La Chine a fermement rejeté lundi les accusations d'un haut responsable américain selon lequel 3 millions de personnes, très majoritairement musulmanes, seraient internées dans des « camps de concentration » de la région instable du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays.

    La région a été frappée durant la dernière décennie par des attentats sanglants revendiqués par des Ouïghours, membres d'une ethnie musulmane qui représente près de la moitié de la population locale. Pékin pointe du doigt des « islamistes » et des « séparatistes ».

    La sécurité a été renforcée de manière draconienne ces dernières années au Xinjiang. Et près d'un million de citoyens sont ou ont été détenus dans des centres de rééducation de la région, selon une estimation d'un groupe d'experts citée par l'ONU et démentie par Pékin.

    « Totalement contraires aux faits »

    Randall Schriver, le secrétaire adjoint américain à la Défense, avait décrit la semaine dernière ces endroits comme des « camps de concentration », estimant que le chiffre des détenus était « probablement plus proche des 3 millions ».

    Ces propos sont « totalement contraires aux faits », a réagi lors d'une conférence de presse Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « La Chine exprime son fort mécontentement et sa ferme opposition », a-t-il martelé.

    Pékin défend les établissements incriminés, assurant qu'il s'agit de « centres de formation professionnelle » destinés à renforcer l'employabilité des habitants et à les éloigner de toute tentation de radicalisation islamiste ou séparatiste.

    Des femmes transformées

    La Chine a lancé une grande campagne de communication depuis octobre et le début des premières protestations internationales, invitant dans ces endroits des diplomates et journalistes, lors de visites très encadrées. « Aujourd'hui, le Xinjiang est politiquement stable, son économie se développe et la société y est harmonieuse. Les gens y vivent et y travaillent en paix », a déclaré Geng Shuang.

    « Nous exhortons une fois encore les parties concernées aux États-Unis à respecter les faits, à abandonner leurs préjugés, à parler et à agir avec prudence et à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la Chine via la question du Xinjiang », a-t-il dit.

    Plusieurs hommes ouïghours ont récemment témoigné auprès de l'AFP de la transformation de leurs épouses libérées des camps à la condition qu'elles démontrent leur « capacité d'adaptation à la société chinoise », par exemple en mangeant du porc ou en buvant de l'alcool. L'une d'elles a dit à son mari qu'elle « pense que ses parents, ou ses frères et sœurs l'espionnent peut-être et qu'elle n'a donc pas le choix ».