Contre Merkel, le chancelier autrichien brandit le spectre d’une «catastrophe migratoire»

«La situation va peut-être encore empirer», a déclaré Sebastian Kurz en référence à la main tendue aux réfugiés par Angela Merkel il y a trois ans.

 Le chancelier autrichien Sebastian Kurz (à droite).
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz (à droite). REUTERS/Leonhard Foeger

    Il prendra la présidence de l'Union européenne le 1er juillet et compte bien faire de la question migratoire sa priorité. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz (droite conservatrice) a reçu mercredi ses alliés bavarois de la CSU, actuellement en plein bras de fer sur la question migratoire avec la chancelière allemande Angela Merkel.

    Lors de la réunion, Kurz a brandi le spectre d'une « catastrophe migratoire semblable à celle de 2015 » si l'Union européenne ne parvenait pas à élaborer une réponse commune dans ce dossier. La rencontre a eu lieu en marge d'un conseil des ministres commun avec le gouvernement du Land allemand de Bavière dirigé par la CSU, à Linz, dans le nord de l'Autriche. Kurz, qui a formé fin 2017 un gouvernement avec l'extrême droite sur une ligne dure anti-immigration, se targue d'avoir été un des principaux artisans de la fermeture de la « Route des Balkans » aux migrants 2016.

    Le différend sur la politique migratoire entre le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer (CSU) et la chancelière Angela Merkel (CDU) a propulsé le sujet en haut de l'agenda des Européens en vue du sommet des 28 et 29 juin. Selon lui, « Si la discussion en Allemagne a quelque chose de bon, c'est qu'il y a désormais une nouvelle dynamique au plan européen, avec une grande opportunité pour que l'UE bouge enfin dans ce dossier », se félicite le chancelier autrichien.

    La distance se creuse entre les libéraux et les conservateurs au sein de l'UE

    Tout en se défendant de s'ingérer dans les affaires « intra-allemandes », il n'a pas manqué d'envoyer une pique à Merkel, sans la nommer. « Ceux qui avaient ouvert les frontières en 2015 sont responsables du fait qu'il y ait aujourd'hui des frontières entre l'Autriche et la Bavière, entre la Hongrie et l'Autriche, entre l'Italie et l'Autriche. Et que la situation va peut-être encore empirer » a-t-il déclaré en référence à la main tendue aux réfugiés par la chancelière trois ans plus tôt.

    Des propos approuvés par Markus Söder, chef du gouvernement de Bavière, qui a souligné que Munich et Vienne partageaient « une position et un esprit commun ».

    L'Autriche prendra la présidence tournante de l'UE à la fin du mois et le chancelier Kurz espère peser sur ce sujet. Il multiplie les initiatives pour réunir un bloc de pays favorables à un durcissement de la politique européenne. Déjà à l'origine d'un axe controversé avec la Bavière et l'Italie pour lutter contre l'immigration, il va assister jeudi à Budapest à une réunion du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République Tchèque et Slovaquie), hostile aux quotas européens de réfugiés.

    De leur côté, les représentants d'une dizaine de pays dont la France et l'Allemagne vont se réunir dimanche à Bruxelles pour préparer des « solutions européennes » aux questions migratoires qui déchirent l'UE.