Corée du Nord : Kim Jong Un met son armée sur le pied de guerre et exclut une réconciliation avec son voisin du Sud

Dans un long discours, au terme d’une réunion de cinq jours du comité central du Parti des travailleurs de Corée, Kim Jong Un a fixé les orientations stratégiques du pays. Le dictateur nord coréen n’a pas vraiment eu un message de paix.

Kim Jong Un a exclu une réconciliation avec la Corée du Sud. Reuters
Kim Jong Un a exclu une réconciliation avec la Corée du Sud. Reuters

    La rhétorique belliqueuse de la Corée du Nord n’est pas nouvelle, mais cette fois le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un s’est montré encore plus incisif.

    Dans un long discours, au terme d’une réunion de cinq jours du comité central du Parti des travailleurs de Corée, grand-messe de fin d’année qui fixe les orientations stratégiques du pays, le dictateur, grand soutien de Vladimir Poutine, a une nouvelle fois menacé d’effectuer des frappes nucléaires contre Séoul pourtant située à quelques kilomètres des frontières de son pays.

    Il a aussi ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une « guerre » qui peut « être déclenchée à tout moment » sur la péninsule, selon l’agence d’État KCNA.

    Le dirigeant nord coréen, sans surprise, s’est attaqué aux États-Unis en accusant Washington de « divers types de menaces militaires » en ordonnant à ses forces armées de maintenir « une capacité de réponse écrasante à la guerre », selon KCNA.

    « La force nucléaire, en cas d’urgence »

    Kim Jong Un a vu rouge quand les États-Unis ont envoyé dans la région un sous-marin à propulsion nucléaire USS Missouri, le porte-avions USS Ronald Reagan et un bombardier stratégique B-52. La Corée du Nord avait immédiatement décrit ce déploiement d’armes stratégiques par Washington comme une « provocation intentionnelle d’une guerre nucléaire ».

    « Nous devons réagir rapidement à une éventuelle crise nucléaire et continuer à accélérer les préparatifs pour pacifier l’ensemble du territoire de la Corée du Sud en mobilisant tous les moyens et forces physiques, y compris la force nucléaire, en cas d’urgence », a déclaré Kim Jong Un.

    Grâce probablement au soutien de la Russie en échange de la livraison d’armes pour le conflit en Ukraine, Kim Jong Un a annoncé le lancement de trois nouveaux satellites espions en 2024, la construction de drones et le développement de capacités de guerre électronique, selon KCNA. Après deux échecs successifs en mai et en juin, la Corée du Nord a déjà mis en orbite avec succès en novembre son premier satellite d’observation militaire, le Malligyong-1.

    Un record d’essais de missiles balistiques

    En outre, la Corée du Nord poursuit sa course à l’arme nucléaire. Le pays a procédé en 2023 à un nombre record d’essais de missiles balistiques en violation de nombreuses résolutions de l’ONU le lui interdisant. Kim Jong Un a aussi fait graver dans sa Constitution son statut de puissance nucléaire, et a testé avec succès le Hwasong-18, le missile balistique intercontinental (ICBM) le plus puissant de son arsenal, capable d’atteindre les États-Unis.

    VIDEO. Corée du Nord : test d’un missile capable de toucher les États-Unis

    C’est « un fait accompli qu’une guerre peut éclater à tout moment dans la Péninsule coréenne en raison des mouvements imprudents des ennemis visant à nous envahir », a prévenu le dirigeant.

    Pas de réconciliation avec la Corée du Sud

    Dans ce contexte, le dirigeant a affirmé ne plus rechercher la réconciliation et à la réunification avec la Corée du Sud, soulignant la « situation de crise persistante et incontrôlable ». Autant dire que le processus de rapprochement entamé en 2018 par les deux Corées, caractérisé par trois rencontres entre Kim Jong Un et le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in semble, pour le moment, enterré. Déjà, Séoul avait suspendu partiellement l’accord militaire de 2018 après le lancement du satellite espion par Pyongyang.

    VidéoTirs de missiles de la Corée du Nord : Pyongyang profite de la « banalisation » de ses essais

    « Je pense que c’est une erreur que nous ne devrions plus commettre de considérer ceux qui nous déclarent comme ennemi principal comme partenaire pour la réconciliation et l’unification », a lâché Kim Jong Un. Il a ordonné de ce fait un remaniement des administrations gérant les relations avec le Sud afin de « changer fondamentalement de direction ».