Crise au Niger : le chef de l’ONU « très préoccupé » par les conditions de détention de Bazoum

Selon le média américain CNN, le président nigérien renversé par le putsch est privé de tout contact humain et de médicaments. Des conditions « déplorables » dénoncées par Antonio Guterres.

Le président nigérien, Mohamed Bazoum, et sa famille sont toujours détenus par les militaires putschistes. AFP/POOL/Yves Herman
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, et sa famille sont toujours détenus par les militaires putschistes. AFP/POOL/Yves Herman

    L’inquiétude grandit. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré « très préoccupé » par l’état de « santé » et de « sécurité » du président nigérien renversé, Mohamed Bazoum. Mercredi, il a dénoncé « les déplorables conditions dans lesquelles vivraient » le président et sa famille, et a exigé sa libération.

    Selon le média américain CNN, le chef de l’État est maintenu isolé et n’a que des pâtes et du riz non cuits pour se nourrir. D’après la même source, il a affirmé dans une série de messages envoyés à un ami qu’il était privé de « tout contact humain depuis vendredi », sans que personne ne lui apporte de médicaments.

    Ce jeudi, les dirigeants des pays d’Afrique de l’Ouest opposés au coup d’État au Niger se réunissent à Abuja (la capitale du Nigeria) pour un sommet crucial, après l’échec de leur ultimatum aux militaires putschistes, qu’ils menaçaient d’un recours à la force s’ils ne restauraient pas l’ordre constitutionnel. « D’importantes décisions » sont attendues lors de ce sommet, avait prévenu la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dès mardi, réaffirmant privilégier la voie diplomatique.

    Un gros coup à jouer pour la Cédéao

    Mais les nouveaux maîtres du Niger ont semblé jusqu’ici fermés aux tentatives de négociations de la Cédéao. Ce qui fait craindre que le sommet de ce jeudi matérialise la menace d’intervention militaire, aussi redoutée que critiquée dans la région.

    Mercredi a tout de même été l’occasion d’entrevoir une légère éclaircie dans les relations : le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, a rencontré et l’ex-émir nigérian Sanusi Lamido Sanusi, un proche du président du Nigeria, Bola Tinubu. « Nous sommes venus en espérant que notre arrivée va ouvrir la voie à de vraies discussions entre les dirigeants du Niger et ceux du Nigeria », a déclaré l’ex-émir, précisant cependant ne pas être un « émissaire du gouvernement » nigérian.



    Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qui s’est envolé pour Abuja mercredi soir, a affirmé que « le seul président » reconnu au Niger est le président Bazoum. « Les coups d’État doivent être bannis », a-t-il ajouté, estimant que la Cédéao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putschs dans trois autres États membres (Mali, Guinée, Burkina Faso) depuis 2020.

    De leur côté, le Mali et le Burkina Faso ont affiché leur solidarité avec les militaires du Niger. Ils ont affirmé que si le pays était attaqué par la Cédéao, ce serait « une déclaration de guerre » pour eux.