Elections fédérales en Allemagne : un scrutin sans suspense

Plus de 60 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir leurs députés à l'issue d'une campagne jugée ennuyeuse. Merkel est ultrafavorite, l'extrême droite devrait faire son entrée au Bundestag.

Bochum (Allemagne), le 12 septembre. Dans cette ville de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme à Berlin, la capitale, les passants ignorent les affiches électorales.
Bochum (Allemagne), le 12 septembre. Dans cette ville de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme à Berlin, la capitale, les passants ignorent les affiches électorales. LP/OLIVIER CORSAN

    À Berlin, les rues sont recouvertes d'affiches mais personne ne semble y prêter attention. Sur les marchés, on évite même les stands des candidats. « Je n'ai rien vu de cette campagne. On me dit qu'Angela Merkel va gagner et je ne sais pas ce que les autres candidats proposent », confie Thorsten Schneider, employé de 38 ans et père de famille, qui ne sait toujours pas à qui il donnera sa voix : « Les Allemands vont choisir le statu quo. C'est dommage. »

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    La campagne la plus ennuyeuse des dernières années a pris fin samedi. Enfin ! clament 60 millions d'Allemands appelés aux urnes ce dimanche pour élire leurs députés. Aucun drame, aucun rebondissement, aucun grand discours, aucun scandale... Même le duel télévisé entre Angela Merkel et son principal rival, le social-démocrate Martin Schulz, a évité les grands débats de société. Seuls 16 % des électeurs ont trouvé cette campagne intéressante, selon l'institut de sondage Allensbach.

    Avec 15 points d'avance sur le Parti social-démocrate (SPD) dans les intentions de vote, Angela Merkel devrait l'emporter sans surprise pour la quatrième fois de suite. Le seul souci pour la chancelière sera de trouver un partenaire après le scrutin pour former sa coalition.

    L'extrême droite, 3e force politique ?

    La victoire probable de la « femme la plus puissante du monde », selon la presse américaine, n'était pourtant pas écrite il y a encore dix mois. Affaiblie par l'usure du pouvoir, critiquée dans son propre camp pour avoir accueilli plus d'un million de réfugiés, Merkel restait populaire mais pas irremplaçable. « Les Allemands étaient prêts à l'alternance politique », insiste Frank Stauss, ancien conseiller en communication politique.

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    Martin Schulz semblait l'homme providentiel. Sa nomination surprise comme candidat du SPD avait déclenché un certain emballement. L'ex-président du Parlement européen était passé devant Merkel dans les sondages alors que sa formation avait 15 points de retard sur le parti conservateur (CDU). « Les électeurs ont projeté sur lui leurs espérances de changement. Ils ont perdu très vite leurs illusions », explique Frank Stauss. Mais Schulz n'a pas eu le temps de préparer sa campagne. Il a concocté un programme axé sur la justice sociale, choisissant l'option d'une alliance avec la gauche protestataire (Die Linke) qui reste une force politique importante (créditée de 9 à 10 %). « Les préoccupations des Allemands étaient ailleurs, notamment sur les questions de sécurité », explique Markus Linden, politologue à l'université de Trèves.

    Deux mois après sa nomination, le soufflé est retombé. Puis le SPD a perdu plusieurs scrutins régionaux avec un message très clair de la part des électeurs : les Allemands n'étaient pas disposés à être gouvernés par un « front de gauche ». L'objectif du SPD n'est donc plus de gagner ce soir la chancellerie mais d'éviter un désastre électoral.

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    Schulz devrait se faire voler la vedette par les populistes de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne). Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un parti d'extrême droite devrait siéger à l'Assemblée fédérale, le Bundestag. Si les sondages se confirment (10 à 12 % des intentions de vote), ce parti proche des mouvements néonazis pourrait devenir la troisième force politique (devant les libéraux du FDP et les Verts), voire la principale force d'opposition au Parlement. Une perspective alarmante pour Merkel alors que l'Allemagne tente de relever le défi de l'intégration de plus d'un million de réfugiés.

    Elections allemandes : Merkel ou non ?

    https://www.leparisien.fr/international/elections-federales-en-allemagne-un-scrutin-qui-concerne-directement-la-france-21-09-2017-7276101.php