L'ex-chef du FBI Comey confirme par écrit les pressions exercées par Trump

La commission sur le renseignement du Sénat a publié la déclaration que James Comey fera jeudi à Washington.

 ARCHIVE.  D'après James Comey, Donald Trump lui a demandé sa «loyauté» lors d'une de leurs rencontres fin janvier.
 ARCHIVE.  D'après James Comey, Donald Trump lui a demandé sa «loyauté» lors d'une de leurs rencontres fin janvier. AFP/ JIM WATSON

    James Comey ne doit témoigner que ce jeudi devant le Sénat. Mais l'ancien directeur du FBI congédié par Donald Trump a déjà livré une version écrite de la déclaration qu'il fera devant les membres de la commission sur le renseignement. Publiée ce mercredi soir sur le site de la commission, ces sept pages sont accablantes pour le président américain. D'autres déclarations pourraient être faites par James Conley jeudi, à l'occasion de son audition par la commission.


    Racontant une rencontre du 14 février dans le Bureau ovale, James Comey écrit que Donald Trump lui a parlé de l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale mêlé à l'affaire de l'ingérence russe dans l'élection et évincé en février, et déclaré : «J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien».

    Selon James Comey, cette requête concernait toute investigation relative aux «fausses déclarations de M. Flynn concernant ses conversations avec l'ambassadeur russe en décembre», et non l'enquête plus large sur l'éventuelle collusion entre la Russie et la campagne du républicain. «C'était toutefois très inquiétant, étant donné le rôle du FBI comme service d'investigations indépendant», écrit l'ancien patron du FBI.

    «J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté»

    Comey raconte aussi en détails un dîner en tête-à-tête avec le président à la Maison Blanche du 27 janvier. «Le président m'a demandé si je voulais rester directeur du FBI. J'ai trouvé cela étrange parce qu'il m'avait déjà dit à deux reprises au cours de conversations précédentes qu'il espérait me faire rester. Je lui avais assuré que j'en avais bien l'intention. Il m'a dit que beaucoup de gens voulaient mon travail», raconte-t-il. «Mon instinct m'a dit que ce tête-à-tête (...) avait pour but de me pousser à lui demander mon propre poste afin de créer une sorte de patronage entre lui et moi.»


    Au cours de ce dîner, Donald Trump lui aurait également dit : «J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté». «Je n'ai pas bougé, parlé ou changé l'expression de mon visage», écrit l'ancien grand policier, décrivant «un silence gênant». Et quand le président, en fin de repas, l'a relancé sur la question de la loyauté, James Comey a répondu qu'il «aurait toujours de l'honnêteté de sa part», acceptant ensuite la demande de Donald Trump d'une «honnêteté loyale».


    Neuf conversations avec Trump

    Dans cette déclaration, l'ex-directeur du FBI confirme également qu'il a consigné dans des notes le contenude ses neuf conversations individuelles avec le président en quatre mois (trois en personne et six au téléphone). La première fois remonte à un briefing du 6 janvier, avant le début du mandat. «Par souci de précision, j'ai commencé à taper sur un ordinateur portable dans un véhicule du FBI à l'extérieur de la Trump Tower dès que je suis sorti de la réunion», raconte-t-il.


    Dans un coup de téléphone le 30 mars, le locataire de la Maison Blanche lui aurait demandé ce qui pouvait être fait pour «lever le nuage» de l'enquête russe, qui l'empêcherait d'agir efficacement pour le pays. L'ancien policier a alors confirmé que le président lui-même n'était pas visé par l'enquête. «Le président a ajouté que si certains de ses proches "satellites" avaient fait quelque chose de mal, ce serait bien de le découvrir, mais qu'il n'avait rien fait de mal et qu'il espérait que je trouve une façon de dire que nous n'enquêtions pas sur lui», poursuit-il .«Je lui ai dit que je verrais ce que nous pourrions faire.