«Park fire» : trois infographies pour prendre la mesure du «mégafeu» qui frappe la Californie

La Californie est frappée depuis le 24 juillet par le sixième feu le plus important de son histoire. Plus de 150 000 ha ont été ravagés par les flammes, soit l’équivalent de Paris et toute sa petite couronne.

La Californie est en proie à un nouveau feu de grande ampleur depuis le 24 juillet. AFP/DAVID MCNEW
La Californie est en proie à un nouveau feu de grande ampleur depuis le 24 juillet. AFP/DAVID MCNEW

    Des bâtiments réduits en poussière, des voitures carbonisées et des milliers d’habitants priés de plier bagage. La Californie est touchée depuis le 24 juillet par un important incendie, le « Park fire », que les observateurs qualifient déjà d’historique.

    En sept jours, plus de 150 000 ha de végétation ont brûlé dans le Golden State, touchant principalement les comtés de Butte, Plumas, Shasta et Tehama, au nord est de San Francisco, précise le Département des forêts et de la protection contre le feu de la Californie (Cal fire). Si aucune perte humaine n’est à déplorer, 26 000 personnes font l’objet d’un ordre d’évacuation. Une centaine de bâtiments ont également été détruits.

    « De par sa taille et sa vitesse de propagation, c’est un feu absolument exceptionnel », résume Jean-Baptiste Filippi, chercheur au CNRS et spécialiste des incendies. Au total, ce sont près de 5 000 pompiers qui ont été mobilisés, aidés d’une trentaine d’hélicoptères, de plusieurs centaines de camions et de nombreux Canadair. En dépit des moyens déployés, le « Park Fire » s’avère particulièrement difficile à contenir. « Lorsqu’un feu atteint une telle ampleur, il est capable de créer son propre vent, ce qui lui permet de continuer à se propager », explique Jean-Baptiste Filippi.

    L’équivalent de Paris et sa petite couronne

    À ce jour, seul 12 % de l’incendie est maîtrisé, ont fait savoir les autorités locales. « On peut imaginer que ce feu va durer encore plusieurs semaines voire plusieurs mois », alerte l’expert. Pour parvenir à faire taire ces flammes, « il faut espérer qu’il y ait une baisse des températures, une remontée de l’hydrométrie et peu de vent », souligne Sébastien Lahaye, ancien officier au sein des pompiers et dirigeant de Warucene, une société qui prévient les risques de nouveaux incendies.

    À titre de comparaison, si un tel feu avait atteint l’Île-de-France, cela aurait couvert un périmètre incluant Paris, l’ensemble de sa petite couronne ainsi que certains territoires de la grande couronne.

    Sixième feu le plus important de l’histoire de la Californie

    Selon le Cal fire, il s’agit du sixième incendie le plus important de l’histoire de l’État. Les cinq incendies qui précédent le Park fire dans le classement des incendies les plus graves de l’histoire de la Californie ont tous eu lieu entre 2018 et 2021. Le plus destructeur d’entre eux, nommé August, avait brûlé pas moins de 417 897 ha en 2020. Juste derrière, Dixie, a rasé 389 800 ha à l’été 2021.

    Comment expliquer que la Californie soit, ces dernières années, si fréquemment touchée par ces « mégafeux » ? La réponse est d’abord à aller chercher du côté du réchauffement climatique. « La Californie est de plus en plus souvent sujette à des vagues de chaleur qui peuvent durer plusieurs mois, ce qui favorise les risques d’incendies », pointe Sébastien Lahaye. Le Park Fire avait justement été précédé par un épisode de forte chaleur, qui avait notamment participé à assécher la végétation.



    Celle-ci joue un rôle central dans les incendies qui frappent régulièrement l’ouest des États-Unis. « La façon dont la forêt est construite joue sur la propagation d’un incendie. Comme l’homme éteint systématiquement chaque petit incendie qui se déclare, les forêts n’ont plus de tranchées sur lesquelles le feu peut s’éteindre naturellement. Autrement dit, la continuité du système végétal en Californie favorise la propagation du feu », détaille Jean-Baptiste Filippi.

    Pour l’heure, l’enquête sur l’origine de cet incendie se poursuit, la piste criminelle étant privilégiée. Jeudi dernier, un homme de 42 ans suspecté d’avoir déclenché l’incendie en envoyant une voiture en flamme dans un ravin.