Guerre en Ukraine : Abrams, Leopard, Challenger... l’arsenal des chars promis par les Occidentaux

Alors que l’Ukraine réclame depuis des semaines 300 chars lourds aux Occidentaux, une dizaine de pays en Europe se sont engagés à en livrer. Washington a de son côté promis l’envoi de 31 chars Abrams à Kiev. Mais il faudra des mois avant qu’ils ne rejoignent la bataille.

Bulgarie, 31 mai 2021. Un char de combat Abrams de l'armée américaine participe à un exercice d'entraînement tactique. AFP/Nikolay Doychinov
Bulgarie, 31 mai 2021. Un char de combat Abrams de l'armée américaine participe à un exercice d'entraînement tactique. AFP/Nikolay Doychinov

    L’Occident saute le pas et monte en gamme. Après des semaines d’hésitation, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l’Ukraine. Dans leur sillage, d’autres pays ont promis l’envoi prochain de blindés. Kiev réclamait depuis décembre quelque 300 chars aux Occidentaux pour mener des contre-offensives, alors que l’arrivée du printemps fait craindre le lancement d’une vaste opération russe dans le Donbass. À en croire les déclarations récentes de ses alliés, l’Ukraine pourrait en obtenir environ 150, estime le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU.

    Washington a annoncé l’envoi de 31 chars Abrams. Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis de son côté 14 Leopard 2 A6, réputés être parmi les meilleurs du monde. L’objectif, précise le gouvernement allemand, est de constituer rapidement deux bataillons pour l’Ukraine, soit près de 80 engins. À cela s’ajoutent les 14 Challenger 2, chars de contre-attaque de 64 tonnes capables de se déplacer à 50 km/h et dotés d’un canon de 120 mm, promis mi-janvier par le Royaume-Uni.

    La Pologne s’était déjà dite prête à livrer 14 Leopard 2 A4 - plus anciens et moins sophistiqués que les A6- de conception allemande, mais attendait le feu vert d’Olaf Scholz, finalement obtenu mercredi. Le même jour, la Norvège a annoncé qu’elle participerait elle aussi au don de chars de combat, sans donner de chiffre ni de date. Il s’agirait, selon le journal norvégien Dagens Næringsliv, de quatre à huit Leopard 2 A4. Ce jeudi, le Canada a également annoncé la livraison de quatre chars Leopard. L’Espagne a de son côté confirmé être « disposée » à livrer ses Leopard - entre 20 et 50 selon El País, ce qui en ferait le donateur le plus important. La Finlande participera aussi à l’effort international, a indiqué le pays mercredi, mais sa contribution « ne pourra pas être trop importante compte tenu de (ses) capacités de défense ».

    Du côté des promesses qui restent à officialiser, le Portugal a déclaré qu’il pourrait donner quatre Leopard 2 A6. Les Pays-Bas eux envisageraient de livrer 18 chars Leopard 2A4, selon le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Danemark devrait également donner quelques blindés.

    Former les soldats ukrainiens

    Avec l’appui de ces chars, les forces ukrainiennes espèrent sortir de la guerre de tranchées et percer les lignes de défense russes. Mais il faudra obtenir « une masse critique de blindés, soit la totalité des annonces », observe Dominique Trinquand. « Ce n’est pas par paquet de dix qu’on monte une offensive. »

    Combien de temps s’écoulera-t-il avant que ces chars ne grondent sur le terrain ? Les troupes ukrainiennes doivent d’abord être formées à leur utilisation. La présence de chars Leopard en Pologne, pays frontalier de l’Ukraine, devrait faciliter ce point. Berlin, optimiste, espère acheminer ses 14 blindés avant - « fin mars début avril ». Pour les Abrams, Dominique Trinquand imagine que « ceux en stock à Ramstein (Allemagne) seront utilisés en premier avant d’être complétés par d’autres venus des États-Unis ». Prudents, des responsables américains ont déclaré que la livraison pourrait prendre « des mois, voire des années ».

    La livraison des chars lourds par les alliés de Kiev n’est pas inédite. Les pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne et la République tchèque, ont dès le début de la guerre fourni à l’armée ukrainienne près de 300 blindés de conception soviétique. « Ils ont été en majorité détruits », note Dominique Trinquand.

    Des chars légers rejoindront aussi l’arsenal de l’Ukraine. Washington a promis jeudi dernier de fournir 59 véhicules Bradley, après avoir déjà annoncé la livraison de 50 autres une semaine plus tôt. L’Allemagne quant à elle mettra à disposition 40 blindés Marder, la France des AMX-10 RC. Ces derniers devraient arriver en Ukraine à la fin de l’hiver.