Iran : depuis sa prison, la Nobel de la paix Narges Mohammadi appelle à agir face à l’oppression des femmes

Voilà deux ans jour pour jour que le mouvement « Femme, Vie, Liberté » a secoué l’Iran, après la mort en détention de Mahsa Amini, arrêtée pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique.

Narges Mohammadi est en prison depuis novembre 2021 mais continue de défendre la liberté des femmes iraniennes. AFP Photo/Narges Mohammadi Foundation
Narges Mohammadi est en prison depuis novembre 2021 mais continue de défendre la liberté des femmes iraniennes. AFP Photo/Narges Mohammadi Foundation

    Même la prison ne l’empêche pas de s’exprimer. La prix Nobel de la paix iranienne Narges Mohammadi a appelé, ce lundi, la communauté internationale à agir face à l’oppression des femmes en Iran, deux ans exactement après le déclenchement du mouvement « Femme, Vie, Liberté ».



    « J’appelle les institutions internationales et les peuples à agir. J’exhorte les Nations unies à sortir de leur silence et de leur inaction face à l’oppression dévastatrice et la discrimination perpétrées par les gouvernements théocratiques et autoritaires contre les femmes, en criminalisant l’apartheid de genre », a déclaré Narges Mohammadi dans ce message relayé par ses proches sur les réseaux sociaux.

    Évoquant « ces deux années terribles » et « la route qui reste à parcourir », elle a affirmé que « rien ne (serait) plus comme avant » et que le « changement (faisait) vaciller les fondements de la tyrannie religieuse ». En ce deuxième anniversaire de « Femme, Vie, Liberté », « nous réaffirmons notre engagement à réaliser la démocratie, la liberté, l’égalité, et à vaincre le despotisme théocratique », a-t-elle conclu.

    Grève de la faim entamée

    La militante iranienne pour les droits des femmes se trouve en prison depuis novembre 2021. En 25 ans de combat, elle a été plusieurs fois emprisonnée, notamment en raison de son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort. Alors qu’elle se trouvait déjà derrière les barreaux, elle a été condamnée à un an de prison supplémentaire pour « propagande contre l’État » en juin dernier. Cela fait une dizaine d’années qu’elle n’a pas vu ses enfants, installés en France avec leur père exilé.

    Dimanche, avec 33 autres détenues, la prix Nobel de la paix a entamé une grève de la faim qui devait durer 24 heures pour « commémorer » le deuxième anniversaire du mouvement « Femme, vie, liberté » et la mort en détention de Mahsa Amini.

    Cette jeune femme avait été arrêtée pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique. Sa mort a déclenché une vague de contestation qui a défié le pouvoir pendant des mois au cours de manifestations, menées par des femmes, qui dénonçaient le port obligatoire du voile et le conservatisme religieux. Au moins 551 personnes ont été tuées pendant cette période, dont certaines exécutées, et des milliers d’autres arrêtées, selon des ONG de défense des droits humains.