Jérusalem : visite controversée d’un ministre israélien d’extrême droite sur l’esplanade des Mosquées

Itamar Ben Gvir s’est rendu mardi sur ce site considéré comme le troisième lieu saint de l’islam et déjà plusieurs fois cause de violences entre juifs et musulmans.

Jérusalem, le 30 décembre 2022. Itamar Ben Gvir se déplace sur un marché. AFP/Menahem Kahana
Jérusalem, le 30 décembre 2022. Itamar Ben Gvir se déplace sur un marché. AFP/Menahem Kahana

    Le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale et figure de l’extrême droite, Itamar Ben Gvir, s’est rendu tôt ce mardi sur l’esplanade des Mosquées. Il a fait ce déplacement sur ce lieu saint au cœur des tensions à Jérusalem-Est, en dépit des menaces proférées par le Hamas, mouvement palestinien islamiste.

    « Notre gouvernement ne cédera pas aux menaces du Hamas », a déclaré mardi Itamar Ben Gvir après que le Hamas, qui contrôle l’enclave de la bande de Gaza, a qualifié l’intention du ministre de se rendre sur l’esplanade de « prélude à une escalade dans la région ».

    Troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme sous le nom de « Mont du Temple », l’esplanade est située dans la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé et annexé par Israël. En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s’y rendre à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une « provocation » par les Palestiniens.

    « Les Juifs monteront aussi sur le Mont du Temple »

    Itamar Ben Gvir, qui y est allé à plusieurs reprises alors qu’il était député, avait annoncé son intention de s’y rendre en tant que ministre. « Notre peuple palestinien continuera de défendre ses lieux saints et la mosquée Al-Aqsa », a promis mardi un porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, qualifiant la visite de « crime ». « Le Mont du Temple est le lieu le plus important pour le peuple d’Israël, nous maintenons la liberté de mouvement pour les musulmans et les chrétiens, mais les Juifs monteront aussi sur le Mont du Temple et ceux qui menacent doivent être traités avec une poigne de fer », a ajouté Itamar Ben Gvir.

    En 2000, la visite sur l’esplanade d’Ariel Sharon, alors à la tête de l’opposition de droite israélienne, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Le lendemain, des heurts sanglants avaient opposé Palestiniens et policiers israéliens, marquant le début de la seconde Intifada (soulèvement palestinien, 2000-2005). En mai 2021, des violences à Jérusalem-Est, notamment sur l’esplanade, avaient été le prélude à une guerre de onze jours entre le Hamas et Israël.

    Avocat de formation vivant dans une colonie parmi les plus radicales de Cisjordanie occupée, Itamar Ben Gvir est devenu ministre en décembre 2022 dans le gouvernement mené par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l’histoire du pays.

    Il défend l’annexion par Israël de la Cisjordanie, où vivent 2,9 millions de Palestiniens et 475 000 Israéliens, dans des colonies jugées illégales par le droit international. Il prône également le transfert d’une partie de la population arabe d’Israël, jugée déloyale, vers les pays voisins, et se rend souvent là où les tensions sont les plus fortes, mettant, selon ses détracteurs, le feu aux poudres.