Le Parlement européen maintient à distance la formation de Bardella, exclue de postes-clés

Les eurodéputés nouvellement élus ont fait front ce mardi pour empêcher le groupe d’extrême droite « Patriotes pour l’Europe », présidé par Jordan Bardella, d’obtenir des fonctions importantes à Strasbourg.

Jordan Bardella, président de la formation d'extrême-droite "Patriotes pour l'Europe", au Parlement européen ce mardi. Reuters/Johanna Geron
Jordan Bardella, président de la formation d'extrême-droite "Patriotes pour l'Europe", au Parlement européen ce mardi. Reuters/Johanna Geron

    Le Rassemblement national exclu des postes clés ? Un objectif pour le camp présidentiel et la gauche à l’Assemblée nationale, c’est désormais une réalité au Parlement européen. Après avoir effectué leur rentrée mardi, les eurodéputés nouvellement élus ont en effet fait front pour empêcher le groupe d’extrême droite « Patriotes pour l’Europe », présidé par Jordan Bardella, d’obtenir des fonctions importantes à Strasbourg.

    C’est que l’extrême droite a réalisé une percée au Parlement européen. La nouvelle formation « Patriotes pour l’Europe » est devenue la troisième force de l’hémicycle, avec 84 eurodéputés. Un groupe constitué du Rassemblement national (RN) mais aussi du parti espagnol Vox ou encore des troupes du hongrois Viktor Orban, récemment visiteur de Poutine.



    Une formation numériquement si importante qu’elle aurait pu obtenir deux des 14 vice-présidences du Parlement européen, selon la répartition habituelle. Des postes auxquels le groupe d’extrême droite voulait voir le Français Fabrice Leggeri, ancien patron de l’agence chargée des frontières de l’UE Frontex, et la Tchèque Klara Dostalova. Mais ils en ont été écartés par le vote des autres forces politiques.

    « Nous ne voulons pas voir les amis de Poutine représenter l’institution »

    « On a l’impression qu’on ne respecte pas le vote des électeurs » a réagi ce même Fabrice Leggeri. Le porte-parole du PPE, parti historique de la droite à Strasbourg, Pedro Lopez de Pablo a répondu plutôt : « Nous ne voulons pas voir les amis de Poutine représenter l’institution ». Et la codirigeante des Verts, Terri Reintke, avait déjà appelé à « plus que jamais (…) maintenir le cordon ».

    Parmi le groupe des « Patriotes pour l’Europe », certains profils suscitent en effet de fortes réticences – comme le général italien Roberto Vannacci, auteur d’un livre truffé de déclarations homophobes, misogynes et anti-migrants. La formation pourrait alors également être exclue la semaine prochaine des présidences de commissions parlementaires.

    « Une leçon pour la France ? »

    L’ex-cheffe de file des Verts pour les élections européennes Marie Toussaint a parlé d’une « bonne nouvelle » et celle des Insoumis Manon Aubry s’est, elle, félicitée que « l’extrême droite recule ». Elle a aussi demandé si cette prise de position ne devrait pas être « une leçon pour la France ? » – alors que les postes-clés de l’Assemblée nationale doivent être attribués à partir de ce jeudi.

    Reste que l’autre principale formation d’extrême droite au Parlement européen, ECR et ses 78 eurodéputés associés à la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, a, elle, obtenu deux vice-présidences. À la différence des Patriotes, ces élus sont volontiers atlantistes et favorables au soutien militaire à l’Ukraine, ce qui leur permet d’échapper au cordon sanitaire.