Migrants : nombre record de traversées illégales dans la Manche, le Royaume-Uni durcit le ton

Plus de 150 migrants ont été secourus ce week-end au large de la Manche par les autorités françaises. Un constat qui inquiète alors que l’arrivée de l’été favorise chaque année plus de traversées illégales.

Près de 6 000 migrants ont traversé la Manche illégalement lors des six premiers mois de l'année 202, un triste record. (Illustration). BEN STANSALL / AFP
Près de 6 000 migrants ont traversé la Manche illégalement lors des six premiers mois de l'année 202, un triste record. (Illustration). BEN STANSALL / AFP

    Sombre record pour l’année 2021. Près de 6 000 migrants ont traversé la Manche à bord d’embarcations de fortune lors de ces six premiers mois de l’année. L’an passé, ils étaient en tout 8 417 à espérer atteindre les côtes britanniques. Un chiffre qui pourrait désormais être dépassé dans les deux prochains mois, alors que l’arrivée de l’été et des températures plus élevées favorisent chaque année ces dangereuses traversées.

    Ce week-end encore, les autorités françaises ont procédé à de nouvelles opérations de sauvetage en mer. Vendredi, plus d’une centaine de migrants ont été secourus au large de Calais, entre Sangatte (Pas-de-Calais) et de Ruytingen (Nord). Le lendemain, près d’une cinquantaine de personnes voulant atteindre l’Angleterre ont été interceptées dans le détroit du Pas-de-Calais et débarqués au port de Boulogne-sur-Mer, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

    Des peines durcies contre les migrants illégaux

    Face à ces traversées qui se multiplient, le Royaume-Uni s’apprête à durcir sa politique. Le pays compte ainsi augmenter à quatre ans - contre six mois actuellement - la peine de prison encourue par les migrants qui cherchent à rentrer illégalement sur son territoire. Cette nouvelle disposition, annoncée ce week-end par le ministère de l’Intérieur, s’inscrit dans le projet de loi de réforme du système d’asile, qui arrive mardi devant le Parlement britannique. Il prévoit encore de porter à la prison à vie - contre 14 ans d’emprisonnement actuellement - le maximum encouru par les passeurs.



    Ce plan vise alors à décourager l’immigration illégale et prévoit de traiter différemment les demandeurs d’asile selon qu’ils soient arrivés dans le pays légalement ou illégalement. Car selon le ministère de l’Intérieur, il est « très vraisemblable que ceux qui se rendent au Royaume-Uni à bord de petites embarcations viennent d’un pays sûr de l’Union européenne où ils auraient pu demander l’asile ».

    « Au lieu de répandre délibérément mythes et contre-vérités au sujet de l’asile et l’immigration, le Home Office [ministère de l’Intérieur ; NDLR] ferait mieux d’établir des voies sûres pour que ces quelques personnes qui fuient les persécutions et veulent demander l’asile ici », a réagi le responsable d’Amnesty International sur ces questions au Royaume-Uni, Steve Valdez-Symonds.

    Le phénomène se veut toujours plus préoccupant chaque année et ce, malgré les mises en garde répétées des autorités soulignant le danger lié à la densité du trafic et à la faible température de l’eau. Plus de 9 500 traversées ou tentatives de traversée avaient été recensées en 2020 soit… quatre fois plus qu’en 2019, selon un bilan de la préfecture maritime. Des chiffres qui pourraient encore tristement s’alourdir en 2021.