Menaces contre l’Occident, avancées en Ukraine… ce qu’il faut retenir du discours de Vladimir Poutine
Le président russe a fait le bilan de l’année écoulée ce jeudi et fixé de nouvelles orientations stratégiques pour la Russie, à deux semaines d’une élection présidentielle sans opposition.
Grand-messe annuelle pour Vladimir Poutine. Le président russe a prononcé ce jeudi son traditionnel discours à la nation, au Gostiny Dvor, un palais des congrès situé près de la Place Rouge à Moscou. Lors de cette longue allocution d’un peu plus de deux heures, il a fait le bilan de l’année écoulée et défini les priorités de la Russie, à deux semaines d’une élection présidentielle sans opposition.
Son discours a été retransmis non seulement à la télévision mais aussi gratuitement dans des salles de cinéma de 20 villes de Russie. Avancées russes en Ukraine, éventualité de l’envoi de troupes occidentales, présidentielle russe, politique intérieure… Voici ce qu’il faut retenir de son allocution.
Des avancées en Ukraine
Vladimir Poutine s’est félicité de l’avancée en Ukraine de ses troupes, qui ont obtenu ces dernières semaines plusieurs succès face à des forces de Kiev sur la défensive et manquant de munitions. « Les capacités militaires des forces armées (russes) ont été multipliées. Elles avancent avec assurance dans plusieurs directions » du front, a déclaré le président russe.
Le président russe apparaît en meilleure posture qu’il y a un an, quand son armée était sous le coup de retraites humiliantes dans le sud et le nord-est de l’Ukraine, après une tentative avortée de s’emparer de Kiev au printemps 2022.
Depuis, l’armée ukrainienne a échoué dans sa contre-offensive déclenchée à l’été 2023 et se retrouve sur la défensive, manquant de munitions faute d’accord à Washington et du fait de la lenteur des livraisons européennes, face à des soldats russes plus nombreux et mieux armés.
Mi-février, ces derniers ont ainsi réussi à s’emparer de la ville forteresse d’Avdiivka, sur le front Est, et continuent leur poussée dans ce secteur, suscitant le satisfecit de Vladimir Poutine. « Nous avons préservé l’unité du pays, nous n’avons pas permis qu’il soit déchiré en morceaux », a lancé le chef du Kremlin. Avant de conclure son discours, il a juré que les soldats russes « ne reculeront pas, n’échoueront pas, ne trahiront pas ».
Des « armes » contre l’Occident
Selon lui, la Russie occidentale doit être « correctement protégée » après l’élargissement de l’Otan à la Suède et à la Finlande. Les forces de l’Alliance « se préparent à frapper notre territoire », a-t-il affirmé, en utilisant « les forces les plus efficaces ».
Il a mis en garde les pays occidentaux. « Ils doivent comprendre que nous aussi avons des armes capables d’atteindre des cibles sur leur territoire. Tout ce qu’ils inventent en ce moment, en plus d’effrayer le monde entier, est une menace réelle de conflit avec utilisation de l’arme nucléaire et donc de destruction de la civilisation », a poursuivi le maître du Kremlin. « Ils ne comprennent donc pas cela ? », s’est-il interrogé à haute voix.
Il s’en est aussi pris aux actuelles autorités américaines, les accusant de « vouloir montrer qu’elles dirigent le monde comme avant » et de faire de la « démagogie » avant l’élection présidentielle américaine de novembre prochain. Selon lui, la Russie est « prête à un dialogue » avec les États-Unis sur les questions de « stabilité stratégique ».
Alors que les pays occidentaux ont imposé de nombreuses et lourdes sanctions à la Russie après son invasion de l’Ukraine début 2022, le dirigeant russe a appelé à établir « de nouveaux points de contact » avec les pays arabes, d’Amérique Latine et d’Afrique.
Encourager la natalité
Le président russe a, comme à son habitude, fait l’éloge des « valeurs traditionnelles » défendues par le Kremlin, assurant que la Russie en était l’un des « bastions » face un Occident jugé dépravé. Pour lui, « les liens familiaux et les valeurs morales y sont détruits ». « Une famille avec de nombreux enfants doit devenir la norme », a-t-il affirmé, alors que la Russie fait face depuis de longues années à de graves problèmes démographiques, renforcés par l’assaut en Ukraine et le départ à l’étranger de centaines de milliers de citoyens.
Évoquant ses objectifs en termes de politique intérieure, Vladimir Poutine a fait de multiples promesses d’aides sociales notamment pour les vétérans et leur famille, et annoncé des investissements dans les infrastructures, l’éducation, le numérique et les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, la culture ou encore la protection de l’environnement.
Devenir la quatrième puissance mondiale
Vladimir Poutine a indiqué qu’il veut améliorer l’espérance de vie en Russie afin de garantir que la prochaine génération soit « forte ». Il a aussi assuré que la lutte contre la pauvreté en Russie était l’une de ses priorités, s’est réjoui d’une baisse de la « consommation d’alcool ».
La Russie doit devenir la quatrième puissance économique mondiale « dans la prochaine décennie ». Il promet une hausse des salaires et un soutien économique aux PME. Il n’exclut pas de hausse des impôts qui devra être « régulière ».
