Migrants abandonnés dans le désert : Tunisie et Libye annoncent un accord pour les accueillir

Plusieurs ONG et agences de l’ONU avaient alerté sur le sort de ces migrants, bloqués depuis plusieurs semaines dans une zone désertique située à la frontière entre les deux pays.

Des gardes-frontières libyens donnent de l'eau à des migrants abandonnés près de la frontière avec la Tunisie, le 30 juillet. AFP / Mahmud Turkia
Des gardes-frontières libyens donnent de l'eau à des migrants abandonnés près de la frontière avec la Tunisie, le 30 juillet. AFP / Mahmud Turkia

    Certains y sont bloqués depuis un mois. La Tunisie et la Libye ont annoncé jeudi s’être entendus pour se répartir l’accueil des migrants africains abandonnés dans une zone désertique près du poste frontière de Ras Jedir, après y avoir été conduits par la police tunisienne, selon de multiples témoignages, des ONG et des agences de l’ONU.

    Lors d’une rencontre entre les ministres de l’Intérieur des deux pays à Tunis mercredi, « on s’est mis d’accord pour se partager les groupes de migrants présents sur la frontière », a indiqué un porte-parole du ministère tunisien.



    Selon des sources humanitaires, ces derniers jours, il y avait encore trois groupes d’un total d’environ 300 migrants originaires d’Afrique subsaharienne, bloqués dans des conditions très précaires sur une langue de terre au bord de la mer, dans la zone tampon de Ras Jedir. « La Tunisie va prendre en charge un groupe de 76 hommes, 42 femmes et 8 enfants », a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Faker Bouzghaya.

    Jusqu’à 350 personnes bloquées

    C’est le ministère de l’Intérieur libyen qui a le premier annoncé la conclusion d’un accord bilatéral « pour une solution consensuelle, afin de mettre fin à la crise des migrants irréguliers, bloqués dans la zone frontalière ». Côté tunisien, un communiqué officiel s’est borné à annoncer que le ministre tunisien Kamel Feki avait reçu son homologue libyen Imed Trabelsi, soulignant le besoin d’une « coordination des efforts pour trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts des deux pays ».

    L’accord prévoit que les Libyens prendront en charge le reste des migrants bloqués, environ 150, selon le porte-parole officiel tunisien. « Le transfert du groupe a eu lieu hier (mercredi) dans des centres d’accueil à Tataouine et Médénine avec la participation du Croissant rouge » tunisien, a-t-il ajouté.

    Vidéo. Des migrants abandonnés à leur sort à la frontière entre la Tunisie et la Libye

    Il y a eu jusqu’à 350 personnes bloquées à Ras Jedir, parmi lesquelles 12 femmes enceintes et 65 enfants et mineurs, selon des sources humanitaires qui ont indiqué que l’essentiel des aides (nourriture, eau, soins médicaux) leur avait été apporté depuis le 20 juillet par le Croissant rouge libyen, soutenu par les agences onusiennes.

    Après la mort le 3 juillet à Sfax (centre-est) d’un Tunisien lors d’une rixe avec des migrants, « au moins 2 000 ressortissants subsahariens » ont été « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes et déposés dans des zones inhospitalières aux frontières libyenne et algérienne, selon d’autres sources humanitaires.