Netanyahou et Obama s'affrontent sur le nucléaire iranien

Le Premier ministre israélien a prononcé hier un discours très virulent devant le Congrès américain. Il a été ovationné en dénonçant un accord sur le nucléaire souhaité par Barack Obama.

Netanyahou et Obama s'affrontent sur le nucléaire iranien

    Ce sont les meilleurs alliés du monde. Du moins sur le papier. Car, en réalité, les tensions n'ont jamais été aussi fortes entre Israël et les Etats-Unis. Ou, plus exactement, entre l'intransigeant Premier ministre Benyamin Netanyahou et le président américain Barack Obama. Quel est le sujet qui fâche ? Le nucléaire iranien ! C'est-à-dire la capacité pour les mollahs de Téhéran d'acquérir très vite l'arme atomique et de menacer la survie même de l'Etat hébreu.

    Deux conceptions s'opposent. D'un côté, la Maison-Blanche travaille d'arrache-pied pour aboutir à un accord avec Téhéran contre la levée des sanctions économiques qui étranglent le pays. De l'autre, l'actuel gouvernement israélien estime que ce pacte éventuel ne débouchera sur rien de tangible. Que Téhéran continuera son programme nucléaire d'une façon ou d'une autre.Et que la solution militaire, c'est-à-dire bombarder les installations secrètes iraniennes, est une question qui devra sans doute se poser un jour ou l'autre.

    C'est dans ce contexte tendu que Netanyahou a prononcé hier un virulent discours pour défendre ses positions devant le Congrès, à l'invitation du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner (un opposant à l'administration démocrate).

    Très remonté, le chef du Likoud, qui briguera un nouveau mandat lors des élections législatives en Israël le 17 mars, a lancé un défi cinglant au président américain. « Le régime iranien représente une grande menace pour Israël, mais aussi pour la paix du monde, a démarré Netanyahou, ovationné par des élus républicains et démocrates des deux Chambres. Un accord avec l'Iran ne l'empêchera pas de produire des bombes atomiques. Il pourra en produire beaucoup. »

    Le Premier ministre israélien souhaiterait voir le Congrès, qui est contrôlé par les républicains, voter de nouvelles sanctions à l'encontre de Téhéran. Ce à quoi la Maison-Blanche s'oppose farouchement.

    « Parce que l'accord permettrait au programme nucléaire iranien de rester largement intact, l'Iran pourrait se doter d'une arme nucléaire très rapidement. En une année seulement », a encore prévenu Netanyahou. Avant d'enfoncer le clou : « Mes amis, pendant plus d'un an, on nous a dit qu'aucun accord était préférable à un mauvais accord. C'est un mauvais accord, le monde se portera mieux sans lui. »

    Courroucé, Obama a annoncé qu'il ne recevrait pas le Premier ministre israélien lors de son séjour aux Etats-Unis. Lundi, il s'était même permis de recadrer son encombrant allié en l'accusant de s'être déjà trompé sur l'Iran dans le passé. Notamment en 2013, lorsqu'un pacte provisoire avait gelé une partie des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée partielle des sanctions. « M. Netanyahou avait alors fait toutes sortes de déclarations, a attaqué Obama. Que cela allait être un très mauvais accord. Qu'il ne serait pas respecté. Que cela allait permettre à l'Iran de récupérer 50 Mds$. Rien de cela ne s'est vérifi?, s'est-il moqué. Entre les deux dirigeants, les relations sont vraiment devenues exécrables.