Pete Buttigieg, le candidat démocrate américain qui pourrait créer la surprise

Le jeune candidat, encore inconnu il y a quelques mois, pourrait bénéficier d’un bon résultat dans l’Iowa pour donner à sa campagne un nouvel élan.

 Pete Buttigieg lors d’un meeting dans l’Iowa le 3 février, juste avant le premier caucus.
Pete Buttigieg lors d’un meeting dans l’Iowa le 3 février, juste avant le premier caucus. AFP/Joe Raedle

    Il va falloir apprendre à prononcer son nom correctement. Quasiment inconnu il y a encore quelques mois, Pete Buttigieg (prononcer Bouttédèdge), candidat à la primaire du parti démocrate aux États-Unis, pourrait bien créer la surprise dans l'Iowa, premier État à se prononcer dans cette élection.

    Bien placé dans les sondages dans cet État rural peu peuplé du Midwest depuis fin novembre, l'ancien maire de South Bend (Indiana) pourrait se classer en deuxième position de cette élection, devant Elizabeth Warren et talonnant Bernie Sanders. C'est en tout cas ce qu'affiche le comptage mis en place par l'équipe de campagne de ce dernier, en attendant les résultats officiels, qui ont pris beaucoup de retard.

    Profitant de la confusion, le jeune loup Buttigieg a fait une déclaration devant ses supporteurs lundi soir, ressemblant étrangement à un discours de victoire. Car même s'il n'arrive « que » deuxième, un tel résultat pour un outsider comme lui, lors du premier caucus, donnerait un sacré coup de pouce à sa campagne.

    Un candidat modéré

    Depuis qu'il a officialisé sa candidature en avril 2019, le démocrate de 38 ans souffre de son manque d'expérience, face à des candidats de près de deux fois son âge.

    D'autant que Pete Buttigieg a fait le pari de s'afficher comme un candidat modéré. Une stratégie plutôt judicieuse : si Bernie Sanders et Elizabeth Warren peuvent séduire l'électorat démocrate, leur positionnement très à gauche pourrait effrayer le reste des Américains, si l'un d'entre eux devait affronter Trump lors de la présidentielle.

    Mais le benjamin de la primaire fait campagne depuis le début dans l'ombre d'un autre modéré : Joe Biden, le favori de cette élection. Face à lui, en termes d'expérience, Pete Buttigieg ne fait pas le poids. Son seul mandat politique est celui de maire de South Bend, une petite ville industrielle de l'Indiana d'un peu plus de 100 000 habitants. En face, Joe Biden revendique ses 36 années au Sénat et ses huit ans en tant que vice-président de Barack Obama.

    Pour se démarquer, Pete Buttigieg a donc tout misé sur sa jeunesse et son parcours atypique. Né en 1982 d'un père immigré arrivé de Malte - dont il tient le nom de famille, que Trump adore moquer - il a grandi dans le Midwest et semble savoir parler à ces populations abîmées par le déclin industriel, qui ont été séduites par Donald Trump en 2016.

    Dans son programme, encore peu précis, il se montre sensible aux questions environnementales. Le candidat est notamment partisan d'un « Green New Deal » pour une économie plus verte. Dans le domaine de la santé, cruciale aux États-Unis, il défend un projet d'assurance maladie combinant privé et public, contrairement à ses concurrents Sanders et Warren qui souhaitent une couverture maladie universelle financée par l'État.

    Un parcours épicé

    Élève brillant au lycée, il part étudier à Harvard, puis à Oxford, grâce la prestigieuse bourse d'échange Rhodes, réservée à l'élite de l'élite. Le jeune prodige parle sept langues, joue de la guitare et du piano et a travaillé dans l'un des plus grands cabinets de conseil du pays. Mais Pete Buttigieg n'est pas un cerveau qui ne s'adresse qu'à l'establishment. Il est aussi vétéran de l'armée et a été mobilisé en Afghanistan. Un parcours exemplaire, patriote, dont les Américains raffolent.

    À ce CV déjà séduisant pour l'électorat américain, ajoutons qu'il est très croyant et le fait savoir. Et, pour la belle histoire, il a épousé son premier amour, un professeur des écoles. Ce qui fait de lui le premier candidat ouvertement homosexuel ayant une chance d'accéder à la Maison-Blanche. Une bonne dose de progressisme et ce qu'il faut de conservatisme : Pete Buttigieg semble posséder les ingrédients pour titiller l'électorat démocrate.

    Mais cela suffira-t-il à compenser son manque d'expérience et son maigre programme politique ? Pas sûr. Sans compter que, dans cette primaire, les démocrates cherchent avant tout à élire le candidat qui pourra battre Trump. Et les Américains seront-ils capables, 12 ans après avoir élu leur premier président Noir, de mettre un jeune homosexuel dans le bureau ovale ?