Pour la Corée du Nord, l’interception de ses missiles serait une « déclaration de guerre »

Les États-Unis et la Corée du Sud s’apprêtent à mener leurs plus importantes manœuvres militaires conjointes depuis 2018. Pyongyang, qui les considère comme des répétitions générales à une invasion de son territoire, teste elle aussi ses missiles au-dessus de l’océan Pacifique.

Pyongyang (Corée du Nord), le 8 février 2023. Un missile est présenté lors d'un défilé militaire pour marquer le 75e anniversaire de la fondation de l'armée nord-coréenne, sur la place Kim Il Sung. KCNA via REUTERS
Pyongyang (Corée du Nord), le 8 février 2023. Un missile est présenté lors d'un défilé militaire pour marquer le 75e anniversaire de la fondation de l'armée nord-coréenne, sur la place Kim Il Sung. KCNA via REUTERS

    La Corée du Nord a prévenu ce mardi qu’elle interpréterait comme « une claire déclaration de guerre » toute interception des missiles qu’elle teste au-dessus de l’océan Pacifique. Ce dernier « n’est pas sous la domination des États-Unis ou du Japon », a déclaré Kim Yo Jong, la très puissante sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, alors que les États-Unis et la Corée du Sud voisine s’apprêtent à mener leurs plus importantes manœuvres militaires conjointes depuis 2018.

    La Corée du Nord « se tient toujours prête à prendre des mesures appropriées, rapides et écrasantes à tout moment », a-t-elle mis en garde, qualifiant les récents exercices militaires de Washington et Séoul « d’extrêmement frénétiques ».

    « Gesticulations irresponsables » des États-Unis

    Outre les manœuvres « Ulchi Freedom Shield » entre les forces américaines et sud-coréennes qui débuteront le 13 mars pour au moins 10 jours, Washington et Séoul ont organisé cette semaine des exercices aériens conjoints avec un bombardier lourd américain B-52 à capacité nucléaire.

    Washington et Séoul affirment qu’il s’agit d’exercices de défense, mais Pyongyang les considère comme des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à un renversement de son régime. Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères a accusé mardi les États-Unis de faire « intentionnellement » monter les tensions dans la région.

    « Les récents exercices aériens conjoints (…) montrent clairement que le projet d’utiliser des armes nucléaires contre la RPDC suit son cours au rythme d’une vraie guerre, a-t-il dénoncé, dans un communiqué distinct. Nous regrettons profondément les gesticulations irresponsables et inquiétantes des États-Unis et de la Corée du Sud, qui poussent constamment vers l’instabilité la situation dans la péninsule coréenne. »

    Pourparlers au point mort

    Les relations entre Pyongyang et Séoul sont au plus bas depuis plusieurs années, avec des pourparlers au point mort. En 2022, le Nord a qualifié d’« irréversible » son statut de puissance nucléaire et a conduit une série d’essais balistiques et de missiles en violation de résolutions de l’ONU.

    Pour leur part, Séoul et Washington ont décidé d’intensifier leurs exercices conjoints et de redéployer les ressources stratégiques américaines dans la région.

    Ces exercices suscitent immanquablement l’ire de la Corée du Nord voisine. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a récemment appelé à une augmentation « exponentielle » de la production d’armes nord-coréennes, notamment d’armes nucléaires tactiques, et sa sœur a décrit le Pacifique comme le « champ de tir » de son pays.



    Dimanche, Pyongyang a appelé les Nations unies à exiger de Séoul et Washington la fin de leurs manœuvres militaires conjointes, déclarant que ses armes nucléaires garantissaient l’équilibre des forces dans la région.

    Séoul, qui ne détient pas l’arme nucléaire, reste officiellement engagé en faveur de la non-prolifération nucléaire, même si les appels se multiplient au niveau national pour envisager d’obtenir ses propres armes nucléaires.