Ukraine : la Crimée passe à l'heure russe au lendemain du référendum

 

Ukraine :  la Crimée passe à l'heure russe au lendemain du référendum

    Après le référendum qui a plébiscité dimanche à près de 97% la sécession de la province, le Parlement de Crimée a voté lundi à l'unanimité des parlementaires présents le rattachement à la Fédération de Russie et la nationalisation des biens de l'Etat ukrainien. «La République de Crimée demande aux Nations unies et à tous les pays du monde de la reconnaître comme un Etat indépendant», stipule le texte adopté par le Parlement à Simféropol. Et elle demande à la Fédération de Russie «de l'accepter comme l'un de ses membres». Sur place, la «russification» est en marche :

    La Crimée passe au rouble. Décision hautement symbolique, le rouble est désormais la monnaie officielle de la république séparatiste de Crimée, a annoncé le Parlement local. La hryvnia, la monnaie ukrainienne qui avait cours jusqu'à présent, sera acceptée parallèlement jusqu'au 1er janvier 2016, a précisé le parlement sur son site internet.

    Une délégation du Parlement de Crimée doit partir aujourd'hui pour Moscou, où la Douma (chambre basse du Parlement russe) doit voter vendredi en faveur de l'inclusion de la péninsule à la Fédération de Russie. Serguiï Axionov, Premier ministre de Crimée a assuré hier «Nous rentrons à la maison !» et précisé que la région passerait le 30 mars prochain à l'heure de Moscou. Il avait auparavant estimé que la transition de toutes les institutions de Crimée vers la Russie prendrait au moins un an.

    Moscou envoie 295 millions d'euros à la Crimée. Vladimir Poutine s'exprimera ce mardi devant le parlement russe sur ce vote en Crimée. Moscou a également suggéré la création d'un groupe international «de soutien» à l'Ukraine. «En prenant en compte les demandes des Etats-Unis et des Etats européens, nous avons préparé et transmis il y a une semaine à nos principaux partenaires (...) des propositions», détaille le ministère russe des Affaires étrangères. La Russie a également envoyé à la Crimée une aide de 15 milliards de roubles, soit 295 millions d'euros, indique un dirigeant séparatiste de Crimée Sergiï Axionov.

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    Le ministère des Affaires étrangères russe prêt à discuter.

    Le parlement ukrainien riposte. La victoire des séparatistes a provoqué un regain de tension dans le pays. Le Parlement ukrainien a ainsi approuvé aujourd'hui une mobilisation partielle pour faire face à «l'ingérence de la Russie dans les affaires intérieures de l'Ukraine. 275 députés ont approuvé cette mobilisation demandée par le président par intérim Olexandre Tourtchinov compte tenu de «l'aggravation de la situation politique dans le pays». 33 députés n'ont pas pris part au vote, aucun n'a voté contre.

    Le référendum, qui s'est déroulé en présence de milliers de soldats russes et sous le contrôle de milices séparatistes, pourrait aussi, au terme du soulèvement ayant conduit à la destitution du président Viktor Ianoukovitch, déboucher sur  la pire crise diplomatique entre grandes puissances depuis la fin de l'Union soviétique en 1991. Barack Obama a déjà prévenu Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leurs alliés ne reconnaîtront «jamais» le référendum sur la Crimée qualifié «d'illégal». De même, le Japon a appelé lundi la Russie à ne pas annexer la Crimée, et le Canada a évoqué l'«illégitimité» du «soi-disant référendum».

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    L'UE sanctionnera Moscou mais ne veut «pas d'escalade». Les ministres européens des Affaires étrangères se réunissent ce lundi à Bruxelles pour décider de sanctions à l'encontre des responsables ukrainiens et russes impliqués dans l'intervention russe en Crimée. Durcissant le ton, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a assuré que l'UE allait envoyer «le message le plus fort possible» à la Russie. Les ministres devraient s'entendre sur des sanctions «ciblées» visant des responsables russes ou ukrainiens pro-russes sous la forme de restrictions de visas et de gels d'avoirs. La liste de ces personnalités s'annonce «restreinte», a indiqué le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, en arrivant à Bruxelles.

    Si la crise s'aggrave et que Moscou tente de pousser ses pions dans l'est de l'Ukraine, l'UE envisage de débloquer un troisième train de sanctions qui toucherait cette fois les relations économiques et commerciales avec la Russie. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 auront l'occasion d'en discuter lors du sommet européen qui se tiendra jeudi et vendredi à Bruxelles. «Il faut faire preuve de beaucoup de fermeté et en même temps trouver les voies du dialogue et ne pas aller vers l'escalade», a toutefois déclaré le ministre français Laurent Fabius, à l'instar de plusieurs de ses collègues.

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