Roumanie : des milliers de manifestants réclament la démission du gouvernement

Pour la troisième soirée consécutive, des manifestants protestaient dimanche contre le pouvoir en place qu’ils accusent de corruption.

 Les Roumains se sont rassemblés dimanche à Bucarest devant le siège du gouvernement.
Les Roumains se sont rassemblés dimanche à Bucarest devant le siège du gouvernement. AFP/Daniel MIHAILESCU.

    Moins nombreux que les deux nuits précédentes, des milliers de Roumains sont descendus dans la rue à Bucarest dimanche, pour la troisième soirée consécutive. Ils entendaient protester contre le gouvernement de gauche après les échauffourées qui ont fait des centaines de blessés au cours d'une manifestation vendredi.

    Chantant l'hymne national et agitant des drapeaux de la Roumanie, ils se sont à nouveau rassemblés place de la Victoire, en face du siège du gouvernement.

    Nombre d'entre eux ont à nouveau accusé le gouvernement de corruption et réclamé sa démission. « Tous les jours après le travail, j'ai envie de venir ici […] Je suis chercheuse, et, la semaine dernière, j'ai découvert que l'on nous avait coupé les fonds. Je suis très déterminée. Il (le gouvernement) ne peut nous ignorer pour toujours », a dit à Teona Deftu, présente dans le rassemblement de dimanche.

    « A bas le gouvernement », peut-on  lire sur des néons installés par les protestataires./AFP-Daniel MIHAILESCU
    « A bas le gouvernement », peut-on lire sur des néons installés par les protestataires./AFP-Daniel MIHAILESCU AFP/Daniel MIHAILESCU.

    Des expatriés revenus pour manifester

    Vendredi, les manifestants avaient été environ 80 000 à demander la démission du gouvernement social-démocrate de Viorica Dancila, l'accusant de « corruption » et de vouloir « contrôler la justice ». De nombreux expatriés étaient revenus spécialement dans leur pays pour manifester. En 2017, ils avaient envoyé à leurs familles restées en Roumanie 4,3 milliards d'euros, soit près de 2,5% du produit intérieur brut de ce pays, l'un des plus pauvres de l'Union européenne.

    Plus de 450 personnes avaient été blessées pendant cette manifestation qui a dégénéré, dont une trentaine de gendarmes. Plusieurs dizaines ont tenté de rompre le cordon policier, jetant des pierres et des bouteilles d'eau en direction des forces de l'ordre. Ces dernières ont riposté en ayant recours à du gaz lacrymogène avant d'utiliser un canon à eau pour évacuer la place.

    Vendredi la police avait utilisé un canon à eau pour disperser les manifestants à Bucarest. AFP Adrian CATU.
    Vendredi la police avait utilisé un canon à eau pour disperser les manifestants à Bucarest. AFP Adrian CATU. AFP/Daniel MIHAILESCU.

    Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis, en conflit ouvert avec la majorité parlementaire de gauche, a fustigé « l'intervention brutale et disproportionnée » des forces de l'ordre et demandé au parquet général d'ouvrir une enquête.

    Il a reproché dans la foulée au gouvernement d'« œuvrer contre les intérêts des citoyens », accusant les responsables du parti social-démocrate (PSD, au pouvoir) de « mener le pays vers le chaos et le désordre ».

    Une réforme de la justice contestée

    Mise directement en cause, la ministre de l'Intérieur Carmen Dan a assuré que les gendarmes avaient agi en respectant la loi pour « défendre les institutions de l'Etat ».

    La Roumanie est le théâtre de manifestations régulières depuis un an et demi, avec un pic d'un demi-million de personnes dans la rue en février 2017. Depuis son retour au pouvoir fin 2016, le PSD a entamé une vaste réforme de la justice qui menace l'indépendance des magistrats et vise à permettre à des responsables politiques d'échapper aux poursuites, selon ses détracteurs.