Sri Lanka : l'armée annonce la fin des combats

Sri Lanka : l'armée annonce la fin des combats

    Le conflit entre les Tigres tamouls et le gouvernement du Sri Lanka a sans doute pris fin avec la mort, ce lundi, du chef rebelle historique Velupillaï Prabhakaran. Il aurait été tué par l'armée en tentant de s'échapper de la minuscule poche de résistance qui subsistait au nord-est de l'île.

    La mort de Velupillaï Prabhakaran, confirmée par la télévision publique sri-lankaise, décapite le mouvement des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) qui avait déjà reconnu dimanche sa défaite militaire au terme de 37 ans de conflit séparatiste. Invisible depuis 18 mois, Prabhakaran aurait tenté de s'enfuir à bord d'une ambulance en compagnie de ses deux principaux lieutenants, Pottu Amman and Soosai. Il serait tombé dans une embuscade tendue par les militaires, avant d'être abattu, selon un responsable militaire du ministère de la Défense qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.

    "La direction des Tigres éliminée"

    «Lorsque les troupes ont ouvert le feu, le minibus a tenté de partir, mais il été touché et le véhicule s'est enflammé», a ajouté une autre source au sein des forces armées. Selon la télévision ITN, avec la mort des trois hommes, "c'est l'ensemble de la direction des Tigres terroristes qui a été éliminée".

    A la suite de cette opération, le chef de l'amée de terre a annoncé que les combats étaient terminés. «Toutes les opérations militaires ont été stoppées grâce à la prise du dernier bout de territoire» de moins d'un kilomètre carré dans le nord-est, a annoncé le général Sarath Fonseka dans un communiqué. «A présent, le pays tout entier est libéré du terrorisme et 250 cadavres de terroristes gisent sur ce dernier bout de terre», a ajouté l'officier sri-lankais.

    Plus de 70.000 morts en 37 ans

    Dimanche, la guérilla la plus redoutable au monde avait annoncé avoir cessé le combat, admettant ainsi sa défaite militaire, bien que l'armée continuait à se battre contre quelques irréductibles. «Nous avons décidé de faire taire nos armes (...) Cette bataille s'est achevée amèrement», avait déclaré le responsable des relations internationales du LTTE, Selvarasa Pathmanathan.

    L'insurrection séparatiste contrôlait en 2006 un tiers des 65.000 km2 du Sri Lanka, dans le nord et l'est, où elle luttait pour un Etat tamoul indépendant. La «défaite militaire des terroristes» avait été annoncée samedi par le président nationaliste Mahinda Rajapakse, architecte depuis trois ans - avec son frère Gotabhaya au ministère de la Défense - d'une guerre à outrance.

    Le chef de l'Etat devrait annoncer mardi au Parlement la fin officielle du conflit, bien que la fête batte déjà son plein dans le pays. En raison de la brutalité de son ultime coup de boutoir depuis janvier -- qui a probablement tué, selon l'ONU, 6.500 civils -- Colombo s'est mis à dos l'Occident. Le Britannique Gordon Brown, premier ministre de l'ex-puissance coloniale, l'a averti de «conséquences pour ses actions». Londres est favorable à une enquête pour «crimes de guerre», visant tant l'armée que les Tigres. Ces jours-ci, les rebelles ont accusé les militaires d'avoir massacré des milliers de civils. Colombo a rétorqué que la guérilla tirait sur ces «boucliers humains». En 37 ans, les violences ont fait plus de 70.000 morts.

    Les Européens exigent d'accéder aux civils

    La commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner a appelé lundi le gouvernement sri-lankais à accorder à l'ONU un «accès total» aux civils. «Je suis très soulagée qu'au moins les combats les plus intenses soient terminés, mais en même temps la situation des civils reste très difficile et fragile», a-t-elle déclaré à son arrivée à une réunion avec les ministres européens des Affaires étrangères, qui doivent notamment parler du Sri Lanka. «Il est très important que l'ONU puisse avoir un accès total» aux civils, a-t-elle ajouté.

    «Il doit y avoir un accès immédiat des organisations humanitaires internationales, des agences de l'ONU et de la Croix Rouge internationale, parce que des dizaines de milliers de personnes ont désespérément besoin d'aide», a renchéri le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bidt, à qui les autorités sri-lankaises ont refusé en avril un visa pour entrer dans le pays.

    «Il y a eu de graves accusations contre les deux côtés, et la position britannique est toujours qu'à chaque fois qu'il y a des accusations graves et crédibles, il doit y avoir une enquête appropriée», a estimé de son côté le chef de la diplomatie britannique David Miliband. Insistant sur la situation humanitaire dramatique, il a également appelé à «un règlement politique incluant tout le monde». «Les milliers de civils tamouls innocents veulent être des citoyens sri-lankais avec les mêmes droits», a-t-il ajouté.