Syrie : un cessez-le-feu entre en vigueur à Idleb

Ce cessez-le-feu annoncé après une rencontre entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine est effectif depuis 23 heures, heure française.

 Le régime de Bachar al-Assad a déclenché en décembre une offensive pour reprendre la région d’Idleb qui a provoqué le déplacement d’un million de personnes.
Le régime de Bachar al-Assad a déclenché en décembre une offensive pour reprendre la région d’Idleb qui a provoqué le déplacement d’un million de personnes. AFP/Omar HAJ KADOUR/

    A l'issue d'une rencontre cruciale qui a duré plusieurs heures à Moscou avec Vladimir Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé l'entrée en vigueur ce jeudi soir d'un cessez-le-feu dans la province syrienne d'Idleb, tout en prévenant qu'Ankara riposterait à toute attaque du régime.

    « Le cessez-le-feu entrera en vigueur à partir de ce soir à minuit » heure locale, soit 23 heures, heure française, a déclaré le président turc au cours d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine, ajoutant qu'il ferait en sorte avec son homologue russe qu'il soit « durable ».

    Organisé dans l'urgence, le sommet entre les deux chefs d'Etat s'est déroulé après une brusque escalade à Idleb, une région du nord-ouest de la Syrie contrôlée par des groupes rebelles soutenus par Ankara et des organisations djihadistes. Le régime de Bachar al-Assad, appuyé par l'aviation russe, a déclenché en décembre une offensive pour la reprendre, provoquant une catastrophe humanitaire avec près d'un million de personnes déplacées, fuyant les violences.

    Des soldats turcs tués peu avant le cessez-le-feu

    Ankara a déclenché une offensive contre le régime après la mort de 34 militaires turcs dans des frappes aériennes attribuées par le gouvernement turc à Damas. Ces affrontements ont tendu les rapports entre Ankara et Moscou qui, en dépit de leurs intérêts divergents en Syrie, ont renforcé leur coopération ces dernières années.

    Le président turc a par ailleurs prévenu que son pays se réservait « le droit de répliquer de toutes ses forces et partout à toute attaque du régime » de Damas. Quelques heures avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, deux soldats turcs ont d'ailleurs été tués lors de tirs de soldats syriens, selon le ministère turc de la Défense.

    Erdogan a précisé que la Turquie et la Russie allaient travailler ensemble pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire « à tous ceux qui en ont besoin », et faire en sorte que les personnes déplacées par les violences puissent rentrer « volontairement ».

    Des patrouilles communes à partir du 15 mars

    S'exprimant avant son homologue turc, Vladimir Poutine a déclaré que les deux pays s'étaient « mis d'accord sur un texte » qui, selon lui, « servira de base solide pour mettre un terme aux combats dans la zone de désescalade d'Idleb ». Les armées russe et turque organiseront à partir du 15 mars des patrouilles communes sur l'autoroute M4, un axe stratégique traversant la région d'Idleb, a par ailleurs fait savoir le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, lisant une déclaration commune.

    D'après le texte de l'accord, les deux pays ont prévu de mettre en place un « couloir de sécurité » de six kilomètres de profondeur de part et d'autre de l'autoroute, soit une zone tampon de 12 kilomètres de large au total. Les paramètres de cette zone seront définis par Ankara et Moscou sous sept jours, selon la déclaration.

    Soulignant que la Turquie et la Russie avaient des « relations profondément enracinées », le président Erdogan a affirmé jeudi que « son plus grand désir » était de les renforcer davantage. Il a en outre ajouté qu'il avait invité Vladimir Poutine en Turquie.