Turquie : entreprises, justice, presse... le régime poursuit la purge

 Ankara (Turquie), lundi. Le président Erdogan lors d'une réunion du gouvernement au Palais présidentiel. 
 Ankara (Turquie), lundi. Le président Erdogan lors d'une réunion du gouvernement au Palais présidentiel.  Reuters

    Les autorités turques poursuivent leur purge massive à  la suite du coup d'Etat avorté du 15 juillet. Elles ont déjà fait arrêter plus de 35.000 personnes soupçonnées de sympathie pour l'ex-imam Fethullah Gülen, qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis depuis 1999, accusé d'avoir fomenté le putsch avorté. 11.597 d'entre elles ont toutefois été libérées. Des dizaines de milliers de fonctionnaires ont également été renvoyés ou suspendus.

    Entreprises. Mardi, la police financière turque a lancé une vaste opération à Istanbul contre des entreprises soupçonnées de liens avec le prédicateur, qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis. Les enquêteurs recherchent 120 suspects, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Ils ont mené simultanément des descentes contre les sièges de 44 compagnies dans les quartiers conservateurs d'Üsküdar et d'Ümraniye, sur la rive asiatique de la mégapole. Des procureurs ont émis un total de 120 mandats d'arrêt dans le cadre de cette rafle, souligne Anadolu, sans préciser quelles sociétés sont dans le collimateur de la justice.

    Justice. Lundi, la police a arrêté 136 avocats, procureurs et autres employés de justice à la suite de perquisitions dans quatre des plus importants tribunaux d'Istanbul. Les perquisitions ont eu lieu aux tribunaux de Caglayan, le principal d'Istanbul, ainsi que dans trois autres situés respectivement dans les quartiers de Gaziosmanpasa, de Bakirkoy et de Buyukcekmece. Au total, ce sont 190 employés qui ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt, tous soupçonnés d'avoir des liens avec le prédicateur Gülen.

    Tous les signes d'une période de «non-droit» sont réunis, justifie Can Dündar, qui assure que l'Etat d'urgence est utilisé par le gouvernement pour contrôler la justice de manière arbitraire. «Faire confiance à un tel pouvoir revient à mettre sa tête sous la guillotine», précise le journaliste dans sa tribune intitulée "Le temps de dire adieu". «Désormais, nous ne faisons pas face à la justice mais au gouvernement. Aucun tribunal supérieur ne pourra s'opposer au non-droit qui s'installe». «Par conséquent, conclut-il, j'ai décidé de ne pas me rendre à la justice tant qu'il y aura l'Etat d'urgence».