« J’espère que le monde n’oubliera pas les femmes en Afghanistan » : le combat de la réfugiée Zakia Khudadadi

    Médaillée de bronze en para-taekwondo avec l’équipe des réfugiés lors de ces Jeux paralympiques de Paris, l’Afghane, qui vit et s’entraîne en France, continue de porter haut la voix des femmes de son pays. Elle espère disputer les Jeux de Los Angeles sous la bannière française.

    «J’espère qu’avec cette médaille, le monde n’oubliera pas toutes les filles et toutes les femmes en Afghanistan», a commenté Zakia Khudadadi après avoir remporté le bronze jeudi aux JO de Paris. LP/Olivier Arandel
    «J’espère qu’avec cette médaille, le monde n’oubliera pas toutes les filles et toutes les femmes en Afghanistan», a commenté Zakia Khudadadi après avoir remporté le bronze jeudi aux JO de Paris. LP/Olivier Arandel

    Zakia Khudadadi est rentrée dans l’histoire ce 29 août au Grand Palais. En remportant la première médaille de l’équipe paralympique des réfugiés en para-taekwondo aux Jeux de Paris, l’Afghane est devenue un symbole de liberté et d’émancipation, trois ans seulement après avoir fui les talibans.

    Après ce « jour exceptionnel » et avant de « profiter de vacances avec toute sa famille », Zakia Khudadadi, qui espère disputer les Jeux de Los Angeles sous la bannière française en 2028, a de nouveau évoqué son combat. Celui qui vise à venir en aide aux femmes et aux filles afghanes, privées de nombreuses libertés dans son pays.

    Avez-vous pris la mesure de ce que vous avez réalisé ? On parle de vous partout… Comment vivez-vous ça ?

    ZAKIA KHUDADADI. J’ai reçu beaucoup de messages, sur les réseaux sociaux aussi, de la part de ma famille, de mes amis, de personnes en Afghanistan. Avec le documentaire de France Télévisions (diffusé le 20 août dernier) « À corps perdus », beaucoup de gens m’ont vue et ici, au Grand Palais, m’ont demandé des photos, des signatures. Ils m’ont envoyé beaucoup d’énergie positive, m’ont encouragée. Je pense que mon histoire est différente, douloureuse et je crois qu’elle a touché beaucoup de monde.

    Vous avez dédié cette victoire aux femmes et aux filles en Afghanistan…

    Je voulais montrer la force des filles et des femmes afghanes dans le monde. Je travaille dur pour ça. J’espère qu’avec cette médaille, le monde n’oubliera pas toutes les filles et toutes les femmes en Afghanistan. La vie est très dure pour elles. Il n’y a aucune égalité dans aucun domaine. Nous, les femmes réfugiées en Europe, on est toutes au travail pour elles. Moi, c’est avec le sport, les autres avec d’autres choses. J’espère qu’on va un jour gagner, pour retrouver la liberté dans mon pays. C’est un peu politique mais si j’avais un message à faire passer, ce serait : Free Afghan Women (Liberté pour les femmes afghanes).

    On vous a vu célébrer avec le public français et avec deux drapeaux différents…

    J’ai porté deux drapeaux, celui des réfugiés parce que c’est mon équipe, et celui de la France parce que la France m’a aidé pour que je puisse pratiquer mon sport. Elle a toujours été derrière moi. J’espère qu’après cette médaille, je serai française pour participer à Los Angeles. Mon objectif là-bas, ça sera la médaille d’or.



    Comment voyez-vous votre avenir ?

    Le taekwondo, c’est un soleil dans ma vie, ça a changé toute ma vie. Avant, je n’aimais pas vraiment ça. Mais en Afghanistan je n’avais pas de choix, je ne pouvais pas faire d’autre sport. Aujourd’hui, j’aime le taekwondo. Je vais continuer, même si j’aimerais bien tester un autre sport. Faire deux disciplines à Los Angeles en 2028, je suis prête pour ça. Ce sera soit l’athlétisme, soit la natation. J’ai un bon potentiel, j’ai 24 ans, j’ai le temps !