« Leurs messages m’ont vraiment touché » : en or, Ugo Didier salue Léon Marchand et « les nageurs valides »

Submergé par l’émotion et la fierté, le nageur toulousain n’a pas très bien dormi après son sacre paralympique jeudi soir. Il nous raconte ses premières sensations, sa rencontre avec le public parisien, et sa faim de loup pour la suite de la compétition.

Ugo Didier a vibré avec le public de Paris La Défense Arena. AFP/Franck Fife
Ugo Didier a vibré avec le public de Paris La Défense Arena. AFP/Franck Fife

    Sa médaille d’or autour du cou, Ugo Didier a pris quelques minutes ce vendredi matin en visioconférence au lendemain de son premier titre (400m libre, S9) lors de ces Jeux paralympiques. Exempté de Club France au vu de son programme, le nageur toulousain de 22 ans se dit déjà focalisé sur ses quatre autres défis en individuel et en relais. Entretien avec un jeune homme serein. Prêt à jouer encore quelques jours avec le public de Paris La Défense Arena.

    Il y a des messages, des rencontres qui vous ont particulièrement touché ces dernières heures ?

    UGO DIDIER. Je vous avoue que je n’ai pas eu le temps de tous les lire, notamment sur les réseaux. On est rentré tard hier soir, mais là, j’ai surtout envie de penser aux nageurs valides. J’ai eu Léon Marchand, Florent Manaudou, Yohann Ndoye Brouard, Clément Secchi mais aussi Anastasiia Kirpichnikova. On fait le même sport donc forcément on a les mêmes entraînements, les mêmes ambitions. Leurs messages m’ont vraiment particulièrement touché.

    Vous partagez la même chambre qu’Alex Portal, en argent juste après vous (100m papillon, S13). Comment s’est passé ce retour au village ?

    On a essayé de rendre cette soirée la moins hors-norme possible. Lui nage aujourd’hui (vendredi), moi dans deux jours. Il y avait beaucoup d’excitation mais on a essayé de garder notre routine. Pour être honnête, on a mis beaucoup de temps à s’endormir, c’était notre plus mauvaise nuit au village malgré nos deux médailles. Il fallait redescendre. On a dû se coucher vers minuit et on s’est endormi une heure après au moins. Mais on n’a pas du tout fêté ça. J’ai encore trois courses qui m’attendent, dont un relais. Je fêterai ça le 7 septembre.

    Comment décrire cette course en or ?

    Physiquement, je n’étais jamais aussi prêt qu’hier (jeudi soir). J’ai la sensation d’avoir maîtrisé ma course en fait. Il n’y a pas eu de folie, il n’y a pas eu d’emballement. Je ne me suis pas senti voler. C’est une de mes courses les plus abouties au niveau tactique et technique. J’ai respecté le plan avec mon entraîneur. Partir avec beaucoup de vitesse mais surtout beaucoup de relâchement et relancer sur la deuxième partie. Cette maîtrise s’est ressentie au-delà de la course, c’est ça surtout que je retiens. Je n’avais pas vraiment réussi à Tokyo.

    À quel point aviez-vous prévu de profiter autant avec ce public ?

    D’habitude, même aux Championnats du monde ou d’Europe, on a deux cents, trois cents personnes maximum et on est à l’étranger. Là, on était dans une arène en France remplie à presque 15 000 personnes. C’était merveilleux. Le matin, ça m’a énormément surpris, positivement. C’est le grand écart même par rapport à Tokyo, où on était huit en dehors du bassin. On n’avait jamais connu ça. Là, je me suis surpris à jouer avec le public, à prendre du plaisir, alors qu’honnêtement, j’avais beaucoup d’appréhension ces derniers mois sur ce point. Mais oui, je l’ai fait beaucoup à l’instinct. Et c’est clairement un élément qui a pu faire la différence. Surtout vis-à-vis de mes adversaires, qui ont entendu que le public était derrière moi alors que certains d’habitude aiment bien faire le show.

    Le plus gros danger était de ne pas s’emballer, au final ?

    Oui, mon coach me l’a répété plusieurs fois. L’Italien (Simone Barlaam) est parti très vite à côté, ce n’est pas dans ses habitudes. Il a fallu beaucoup de concentration pour ne pas gaspiller toutes mes forces et essayer de le suivre. C’est un travail de longue haleine de trois ans, surtout cette dernière année, qui a payé. Il fallait partir avec tout le monde et revenir plus fort que tout le monde tout en moulinant pas dans l’eau. J’ai réussi à aborder cette compétition avec beaucoup plus de relâchement qu’à Tokyo. Avec Alex, on a par exemple super bien dormi la veille alors que c’était compliqué au Japon. J’imagine que ce sera la première et la dernière fois de ma carrière que je vivais une ambiance pareille.

    Le programme d’Ugo Didier

    Lundi 2 septembre : 50m nage libre (série et finale).

    Mardi 3 septembre : 100m dos (série et finale).

    Jeudi 5 septembre : 200m quatre nages (série et finale).

    Samedi 7 septembre : relais 4x100m nage libre mixte (finale).