« Il est Français, profitez-en » : Wembanyama, un accueil de rock-star et un record en Allemagne

En contribuant largement au succès des Bleus face aux champions du monde allemands (90-66), le géant français a mis le public allemand dans sa poche par des gestes magiques et une incroyable domination dont il a le secret.

Victor Wembanyama n un seul match a déjà mis l'Allemagne du basket sous le charme.
Victor Wembanyama n un seul match a déjà mis l'Allemagne du basket sous le charme.

    Dans le hall du palace des Bleus sur les bords du Rhin à Cologne, Peter porte un maillot des Spurs sous une veste floquée des New York Knicks et une casquette des Brooklyn Nets. Le supporteur allemand guette l’arrivée de sa nouvelle idole : Victor Wembanyama. C’est tout juste s’il jette un œil à sa mannschaft qui loge dans le même établissement « Je suis fan de NBA, vous le voyez bien, rigole le petit bonhomme dans un anglais approximatif. Mais je suis tombé raid dingue de votre joueur, cette grande perche. Vous n’imaginez pas la chance que vous avez en France d’avoir un garçon pareil : il va révolutionner le basket. Il aura des milliards de fans à travers la planète. Il est Français, profitez-en. »



    Peter nous sourit et nous envoie un chaleureux salut de la main au moment d’apercevoir à l’autre bout du hall la grande carcasse du géant qui file au dîner pour un de ses cinq repas quotidiens. La nation des champions du monde de la balle orange n’est pas avare en prodiges du basket. Dans le passé, elle a déjà donné un des premiers Européens à briller en NBA, Detlef Schrempf dans les années 1980 et celui qui reste encore pour beaucoup à cette heure, le meilleur Européen de l’histoire : Dirk Nowitzki premier joueur du vieux continent sacré MVP en 2007.

    Seulement voilà que nos voisins d’outre-Rhin se prennent eux aussi d’un intérêt dingue pour un Français. Dans un pays qui pleure encore son élimination en quart de finale de l’Euro contre l’Espagne (2-1 a.p.), le géant bleu blanc rouge est une attraction. 18 000 Allemands se sont déplacés ce samedi après-midi dans la deuxième plus grande salle d’Allemagne pour encourager leur sélection amputée de quelques stars mais aussi et peut-être surtout pour voir Wemby.

    Beaucoup de petits allemands ont ainsi tenté d’approcher le bord du terrain pour prendre un selfie avec Wembanyama au deuxième plan. « On ne dit pas Wembanyama !, nous reprend Jonas dans un couloir. Ici aussi on l’appelle Wemby comme chez vous. » Autre signe assez dingue sur la popularité de ce garçon qui a joué pour la première fois de sa vie au pays de Goethe : à la sortie du parquet, il y a plus de fans menant vers le vestiaire français pour tenter d’arracher un autographe du prodige que du côté allemand. Peu ont eu le précieux sésame dans un couloir bourré de courants d’air.

    Le public allemand qui a voulu le voir a vu et n’a pas été déçu. En une grosse vingtaine de minutes de jeu, plus souvent associé avec Rudy Gobert qu’à Rouen, la star de San Antonio leur a tout montré : des tirs à 3 points ficelle, des posters dunks, des contres, des montées de balles dignes d’un meneur de jeu. Il a encore sorti toute cette panoplie magique dont lui seul détient le secret. Il termine sa 6e sélection avec une ligne de stats qui comprend 25 points - son record en équipe de France, cinq rebonds et trois passes. « Le basket paraît tellement simple avec ce gars-là », admire Jonas en nous raccompagnant.

    Ce 6 juillet, à la sortie d’une Lanxess Arena où Nikola Karabatic et sa bande sont devenus champions d’Europe en janvier dernier, la défaite de la sélection allemande est vite oubliée. Il leur manquait leur star locale, le sportif allemand le mieux pays de l’histoire : Franz Wagner qui a signé vendredi avec Orlando un contrat record de 224 millions de dollars sur 5 ans. Pour les Bleus, c’est en revanche une deuxième victoire convaincante en deux matchs de préparation, avec un Wemby qui trouve de plus en plus ses marques dans le collectif.