JO Paris 2024, pentathlon : la rédemption d’Annika Zillekens et son drôle de pass Navigo comme cache-oeil

En 2021, l’Allemande Annika Schleu avait marqué les esprits lors de l’épreuve de saut d’obstacles du pentathlon moderne, en molestant son cheval qui refusait les obstacles. Repêchée in extremis pour la finale à Paris ce dimanche, elle a fait oublier ce triste moment.

L'épreuve de saut d'obstacles de l'Allemande Annika Zillekens s'est déroulée à la perfection, ce dimanche, contrairement à Tokyo. Rolf Vennenbernd/dpa/Icon Sport
L'épreuve de saut d'obstacles de l'Allemande Annika Zillekens s'est déroulée à la perfection, ce dimanche, contrairement à Tokyo. Rolf Vennenbernd/dpa/Icon Sport

    Sa quête de rédemption a bien failli ne pas avoir lieu. Mais le forfait, juste avant la compétition, de celle qui était encore il y a peu championne olympique en titre, la Britannique Kate French, lui a permis de concourir. Ce dimanche matin, l’Allemande Annika Zillekens, première remplaçante à l’issue des demi-finales de la veille, a pu participer in extremis à la finale de pentathlon moderne aux Jeux olympiques de Paris.

    Son entraîneur l’a prévenue à 9h30, alors qu’elle se trouvait au village olympique après avoir couru un footing de 8 km, « beaucoup trop pour une préparation de compétition ! », rit-elle a posteriori. « On a sauté en voiture pour arriver à temps pour le début… Mais je n’ai pas eu le temps de m’échauffer », rembobine l’Allemande de 34 ans.

    Elle tire avec un pass navigo en cache-oeil

    Un départ tellement précipité qu’elle n’a pas eu le temps de chercher son cache-oeil pour l’épreuve de tir. « Hier, j’ai prêté à Marvin Dogue mon écran de visée pour le tir car le sien était cassé et il avait déjà utilisé le mien en demi-finale. Et c’est pour cela que nous n’avons pas pu le trouver ce matin dans la panique. Alors, mon entraîneur a regardé ses cartes (de métro) et m’en a donné une. » L’Allemande s’est donc présentée à la laser-run avec un pass Navigo rouge sur l’oeil gauche retenue par un élastique.

    Annika Zillekens avec son pass Navigo en guise d'écran de visée. Icon Sport
    Annika Zillekens avec son pass Navigo en guise d'écran de visée. Icon Sport PictureAlliance / Icon Sport

    Comme le veut la règle, elle a commencé par le saut d’obstacles, l’épreuve durant laquelle elle avait déclenché une vive polémique lors des Jeux olympiques de Tokyo, il y a trois ans. À l’époque, celle qui se faisait encore appeler Annika Schleu avait eu les plus grandes difficultés à faire obéir le cheval qu’elle avait tiré au sort, « Saint Boy », un hongre de 15 ans, alors qu’elle se trouvait en première position après les épreuves d’escrime et de natation. Au point que, en larmes, elle s’était acharnée sur sa monture à coups de cravaches et d’éperons pour tenter de se maintenir dans la course. Sa coach, Kim Raisner, avait même elle aussi frappé la monture à l’arrière-train - ce qui est interdit puisque seule la cavalière peut la toucher. En vain : l’Allemande avait échoué à la 31e position à la fin de la compétition.

    Une volonté de rédemption

    Annika Schleu a été blanchie par la Fédération internationale. Mais les scènes de Tokyo ont conduit à changer les règles du pentathlon moderne. À Los Angeles, en 2028, le saut d’obstacles laissera sa place à une course à pied à obstacles. Avant cet épisode, l’épreuve était déjà controversée pour des questions d’équité, le cheval étant tiré au sort parmi plusieurs montures.



    À Paris, le souvenir de 2021 est désormais balayé. Annika Zillekens a réalisé un sans-faute au saut d’obstacles, engrangeant donc 300 points avec le cheval Chinka’s Domerguie, un hongre de 12 ans, qu’elle a chaleureusement félicité à l’issue de sa prestation. « Le cheval était très gentil et le propriétaire a été très bienveillant avec moi avant mon passage. Il m’a aidé à le calmer, à le connaître », a-t-elle raconté ensuite.

    Enthousiaste à tous ses passages, comme pour ceux de toutes les participantes, le public du château de Versailles ne semble pas lui tenir rigueur de Tokyo. Ou peut-être n’a-t-il tout simplement pas fait le rapprochement. Car à Paris, l’Allemande concourt sous son nom de jeune fille et non plus son nom d’épouse. Une façon de faire table rase et d’oublier le passé.

    « C’était une des principales raisons de revenir à des Jeux olympiques. Je voulais vraiment faire un beau passage devant des spectateurs. Et le saut d’obstacles était vraiment très agréable aujourd’hui », commente-t-elle à l’issue de la compétition. D’ailleurs, même si « d’un point de vue sportif » le résultat n’est pas satisfaisant - elle a terminé 15e - « je suis très heureuse », conclut-elle. Une victoire dans la défaite.