On a joué les chaperons sur la première application de copiétonnage

Mon chaperon est la première application de copiétonnage, née à Montpellier, elle débarque à Paris. Test grandeur nature. 

Mon Chaperon est une application de copiétonnage qui débarque à Paris. 
Mon Chaperon est une application de copiétonnage qui débarque à Paris.  D.R.

    La première fois que l'on a eu vent de Mon Chaperon, une application de copiétonnage, on s'est dit : «Mais pour quoi faire ?» A l'heure des Uber et autres applications de taxis comme G7, on n'était pas sûr de l'intérêt d'une application dont le principe est d'offrir à ses utilisateurs un service de copiétonnage. En d'autres termes, que l'on vous raccompagne à pied après une soirée animée. Ciblant ouvertement le public féminin, cette application entend sécuriser les retours parfois inquiétants dans la nuit. Mon chaperon est un outil contre cette peur si fréquente dans les grandes villes.

    Pour tenter l'expérience il suffit donc de la télécharger et d'activer la géolocalisation de son téléphone. De la même manière que les applications VTC, Mon Chaperon se charge de vous proposer les chaperons dans le périmètre où vous vous trouvez pour vous escorter d'un lieu à un autre. 


    On décide alors de tester le rôle de chaperon pour mieux comprendre les motivations des chaperonnées. On se créé un compte en moins de cinq minutes via notre compte Facebook. Du côté de Montparnasse avec quelques amis, il ne faut pas trop longtemps avant de recevoir une demande. Elsa, 19 ans, souhaite rentrer chez elle aux alentours de minuit.

    On valide la demande et on a maintenant le numéro de la chaperonnée. En un coup de fil, on fixe un point de rendez-vous. Elsa ne souhaitait pas rentrer chez elle seule, bien qu'elle soit dans un quartier plutôt tranquille. Il y a à peine quinze minutes de marche jusqu'à son appartement. «Je n'ai juste pas envie d'avoir peur. On a tous une connaissance qui a été agressée. Moi j'ai des amies qui ont eu des problèmes du côté de Port Royal. La nuit c'est toujours possible», témoigne la jeune femme qui a déjà utilisé le service.


    «Avant j'utilisais Heetch (application de VTC, ndlr), mais depuis que c'est fini je marche plus parce que les autres applications sont trop chères pour mon budget», enchaîne Elsa, souriante. «La première fois je suis rentrée avec un jeune homme de 25 ans, on a eu 25 minutes de marche de Châtelet jusqu'à chez moi. On a discuté de nos études, c'était sympa et moi j'étais rassurée» souligne Elsa. «Je n'ai pas vraiment eu d'appréhension comme ce soir, de tomber sur quelqu'un de bizarre» confie la jeune femme brune.

    «L'application n'est pas un service de sécurité»

    Fabien Boyaval, le créateur de l'application, précise que les chaperons doivent obligatoirement fournir un numéro de téléphone, une adresse mail, un compte Facebook ainsi qu'une photo où ils sont facilement reconnaissables afin d'assurer leur identification. Un système de vérification de la pièce d'identité sera bientôt en place. Le créateur - qui s'est lancé dans la réalisation de l'application suite à l'agression d'une de ses amies du côté de Montpellier - précise que son application n'est pas un service de sécurité pour autant, mais une simple alternative d'entraide : « Nous avons constaté que les personnes se déplaçant en groupe sont moins sujettes aux agressions que celles qui se déplacent seules ». CQFD. L'application compte pour l'instant 3 100 utilisateurs dont 1 400 en région parisienne. « L'idée doit faire son chemin», a précisé l'attachée de presse.

    «Si j'ai envie de rencontrer quelqu'un je vais sur une appli de rencontre»

    Mais retour à notre chaperonnée. Sur le trajet d'un quart d'heure, pas de mauvaises rencontres, pas même de gens un peu éméchés croisée au détour d'une rue. Elsa est contente de rentrer et de son service gratuit. Le chaperon peut aussi faire payer la «course» sur cette application qui se veut surtout citoyenne. Dans sa ruelle plutôt sombre, on pose une dernière question à Elsa. «Pas peur que cette application ne se transforme en nouvelle application de rencontre ? » Elsa rigole franchement. «Si j'ai envie de sortir avec quelqu'un je vais sur une appli de rencontre ! Après c'est agréable de discuter sur le chemin et de rencontrer des gens». Petit bémol tout de même. «Je pense qu'il n'y a pas encore assez de membres. Mais de mon expérience cela a un vrai potentiel», explique la jeune étudiante. Elle nous octroie 5 étoiles pour la marche. C'est à notre tour d'être rassuré. Sur ces mots, on repart attraper le dernier métro. Et pas celui de Catherine Deneuve.