Arabie saoudite : les femmes peuvent désormais voyager sans l’accord d’un homme

Cette mesure annoncée début août est entrée en vigueur mardi.

 Dammam (Arabie saoudite), août 2019. Une Saoudienne à l’aéroport.
Dammam (Arabie saoudite), août 2019. Une Saoudienne à l’aéroport. REUTERS/Mohammed Hamad

    Les premières demandes de passeport commencent à arriver dans les administrations saoudiennes. L'Arabie saoudite applique depuis mardi la réforme annoncée début août permettant aux femmes d'obtenir un passeport et de voyager à l'étranger sans la permission d'un « gardien » mâle.

    « Nous commençons à recevoir des demandes de femmes âgées de 21 ans et plus pour obtenir ou renouveler un passeport et voyager hors du royaume sans permission », a annoncé le département des passeports saoudien sur Twitter.

    La mesure, annoncée le 1er août, a écorné le système saoudien de « gardien masculin », qui assimile les femmes à des mineures toute leur vie durant en les soumettant à l'autorité arbitraire de leur mari, père ou autres parents mâles.

    Des évasions à l'étranger

    Cette réforme est intervenue alors que plusieurs affaires d' évasions à l'étranger de jeunes Saoudiennes se déclarant victimes de violences de la part de leurs « gardiens » ont défrayé la chronique ces derniers mois.

    Elle s'inscrit dans la série de mesures de libéralisation du prince héritier Mohammed ben Salmane, homme fort du royaume ultra-conservateur. La plus emblématique de ces mesures a été celle permettant aux femmes de conduire une voiture depuis juin 2018.

    Autres changements qui, sans le démanteler, affaiblissent le système de « gardien » obligatoire pour les femmes : les Saoudiennes peuvent désormais déclarer officiellement une naissance, un mariage ou un divorce, et être titulaires de l'autorité parentale sur leurs enfants mineurs, des prérogatives jusqu'ici réservées aux hommes.

    Ces changements ont été largement salués en Arabie saoudite, mais également critiqués comme « anti-islamiques » par des ultra-conservateurs sur les réseaux sociaux. Et les interdits restent encore très nombreux : les femmes n'ont pas l'autorisation de détenir un compte bancaire, comme elles n'ont pas le droit d'avoir un contact avec un homme, les métiers en contact avec le public sont limités excepté dans les hôpitaux ou les établissements secondaires…