Charles Baur refuse la disparition de la Picardie

Charles Baur refuse la disparition de la Picardie

    « Non au dépeçage de la Picardie, oui à la coopération interrégionale. » Seul le sort de la Picardie pouvait faire sortir Charles Baur de sa longue réserve. L'ancien président du conseil régional de Picardie jusqu'en 2004 a rompu hier le silence qu'il s'était imposé depuis un peu plus de quatre ans.

    A 79 ans, il préside toujours la Comir, une holding qui dispense des conseils en communication d'entreprise. Dans la zone industrielle de Senlis, sur le seuil de son entreprise, Charles Baur a choisi de s'exprimer sur le redécoupage des régions par la commission Balladur. Sur le papier, l'Oise intégrerait l'Ile-de-France, la Somme le Nord-Pas-de-Calais et l'Aisne Champagne-Ardenne. L'ancien patron UMP de la Picardie semble ragaillardi par ce nouveau défi. Il rappelle qu'il est à l'origine de la conférence du bassin parisien qu'il avait lancée alors que Michel Giraud était président (RPR) de la région Ile-de-France. « Nous travaillions avec d'autres régions comme les Haute et Basse-Normandie, les Pays de la Loire, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne. » Des coopérations qui ont permis de financer quelques équipements picards : « L'Ile-de-France a participé à l'électrification de la ligne SNCF Paris-Beauvais et la modernisation du tronçon Paris-Laon. »

    En revanche, le toujours membre de l'UMP est farouchement opposé à une OPA francilienne sur la Picardie. « Amiens ne serait plus capitale régionale. Il vaut mieux être locomotive que wagon de queue. » Celui qui a présidé le premier conseil régional élu au suffrage universel pendant dix-neuf ans, s'indigne que « l'identité que nous avons mis vingt-cinq ans à construire, soit réduite à néant. Nous avons bâti des lycées, des autoroutes et hissé l'université ».

    L'ancien président de région s'en tient là. Il ferme immédiatement le ban quand la conversation prend un tour plus politique. « Je ne veux plus intervenir sur les affaires régionales. Je m'en suis fait une règle de vie », indique-t-il fermement. Pas plus qu'il ne veut commenter la stratégie du nouveau secrétaire général, Xavier Bertrand, qui fut élu de l'Aisne comme lui. Il préfère se consacrer à la marche de son entreprise. Tous les jours, il se rend à la Comir pour en partir en fin de matinée. Il se souvient qu'il a aussi dirigé la société qui commercialisait la colle Superglue, « celle qui vous colle au plafond dans la pub », s'amuse-t-il. Il espère que le ciment qui fédère les trois départements sera aussi solide.