Car jacking mortel : quinze ans de prison

 Car jacking mortel :  quinze ans de prison

    Quinze ans de prison pour Harouna Sarr, douze ans pour Amadou Sow et huit ans pour Ercan Uyanic. Hier, la cour d'assises de l'Oise a rendu un verdict sévère à l'égard des trois auteurs d'un car jacking tragique à Verneuil-en-Halatte. Colette Flinoy, 73 ans, heurtée par une manÅ?uvre des voleurs, devait décéder le lendemain des suites de ses blessures.

    Dominique Durand, avocat général, avait requis des peines très en dessous de l'appréciation des jurés. Neuf ans pour Sarr, le conducteur de l'Audi volée, huit ans pour Sow, le passager, et cinq ans pour Uyanic, qui les avait attendus dans la voiture. Tous les trois répondaient de vol avec violence ayant entraîné la mort.

    Les avocats de la défense sont abasourdis. Me Bruelle, conseil d'Uyanic, incrédule, plonge sa tête entre ses mains. Les familles des trois Nogentais, âgés de 24, 25 et 28 ans, restent muettes. « C'est injuste », sanglote la mère d'Harouna Sarr. La surprise se lit jusque dans les rangs de la partie civile. « C'est un verdict très sévère. Mais il peut servir d'exemple et faire réfléchir, estime Françoise Mignan, nièce de Colette Flinoy. Ces faits sont graves. Ils ont détruit des familles. »

    « Ces jeunes sont condamnés, mais le docteur est aussi coupable qu'eux »

    Le 30 janvier 2007, à Verneuil-en-Halatte, Sarr et Sow avaient commis l'irréparable en volant l'Audi A 4 d'un couple de retraités. Colette et Marcel Flinoy, 73 et 77 ans, ne s'étaient pas laissés faire. Colette s'était retrouvée coincée entre le mur du garage et la carrosserie. Le bassin fracturé, elle avait été admise à l'hôpital de Creil mais aussitôt renvoyée chez elle malgré son état de santé. Des radios sans équivoque laissaient apparaître une triple fracture. Néanmoins, l'urgentiste autorisera la sortie de la vieille dame qui sera réhospitalisée en catastrophe et décédera d'une hémorragie interne.

    Jugé en correctionnelle en mars 2009, le médecin sera relaxé. La responsabilité du corps médical s'est retrouvée au centre des débats. Un procès dans le procès. Françoise Mignan, malgré son profond chagrin, livre un sentiment largement partagé: « Ces jeunes sont condamnés, mais le docteur est aussi coupable qu'eux », estime-t-elle. Me Steeve Ruben, avocat de Sarr, s'est forgé une conviction: « On n'est pas à l'aise avec cette relaxe. Il est plus intéressant de faire condamner ces trois-là dans le box que le médecin. » La veille, ses trois confrères avaient tenté de faire « craquer » un expert empêtré dans ses contradictions. En face, Me Smagghe, avocate de la partie civile, avait explosé: « Ce n'est pas la fin du monde de pointer les défaillances d'un confrère. » Le tribunal correctionnel a jugé qu'il n'y avait pas eu faute médicale. Seulement « la perte d'une chance ».

    Mais les démonstrations scientifiques et les arguments des avocats n'auront pas de prise sur les jurés. Ils garderont en mémoire les quarante-huit heures de souffrances de Colette et le désespoir de Marcel. « Il s'est épuisé avec le temps et s'est écroulé dans son jardin », raconte Me Smagghe. Un mois avant le procès, il sera terrassé par une crise cardiaque.