Compiègne : après la finale de l’Euro, Sofiane victime d’un tir de flash-ball ?

Compiègne, dimanche soir. Des heurts ont éclaté dimanche soir après la diffusion de la finale de l’Euro. Selon sa famille, le jeune Sofiane, 16 ans, aurait alors été victime d’un tir de flash-ball. Il souffre de multiples fractures au visage.
Compiègne, dimanche soir. Des heurts ont éclaté dimanche soir après la diffusion de la finale de l’Euro. Selon sa famille, le jeune Sofiane, 16 ans, aurait alors été victime d’un tir de flash-ball. Il souffre de multiples fractures au visage. (LP/P.T.)

    Les photos sont éloquentes. Sofiane Haicheur, 16 ans, a été sérieusement blessé au visage, dimanche soir à Compiègne, lors de heurts qui ont suivi la finale de l'Euro 2016. Par des policiers, selon la famille de la victime. Admis à l'hôpital d'Amiens (Somme) où il doit être opéré ce mercredi, le jeune Compiégnois souffre de multiples fractures. « Les médecins ont évoqué des fractures des os malaire et maxillaire, explique Sandrine, sa mère. Il a aussi deux dents cassées, et l'œil injecté de sang. »

    Dimanche soir, après le match, la mère et son fils sortent dans les rues de Compiègne. Sofiane retrouve rapidement des amis. Peu après, des troubles éclatent. « Il m'a expliqué qu'il voyait des jeunes jeter des projectiles, mais qu'il n'avait rien à voir avec cela. Il a ensuite vu les policiers répliquer, a entendu deux détonations avant de s'effondrer. Il est rentré peu après 1 heure du matin le visage en sang. On l'a emmené à l'hôpital de Compiègne, et il a été transféré à Amiens », raconte Sandrine. Pour elle et pour Sofiane, il n'y a pas de doute possible : c'est un tir de flash-ball qui est à l'origine des blessures. Des lanceurs de balles de défense (LBD) auraient en tout cas bien été utilisés par la police, dimanche.

    Compiègne. Sofiane, 16 ans, souffre de fractures de la face et de dents cassées. (DR.)

    Ce lundi, Sandrine a donc porté plainte contre X au commissariat du Clos-des-Roses à Compiègne. Comme toujours quand la police est mise en cause, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie et a ouvert une enquête. « Il a bien reçu un projectile dans le visage, explique Rodolphe Juy-Birmann, le procureur de la République de Compiègne. Des vérifications sont en cours pour en connaître l'origine. L'IGPN va vérifier si les blessures du jeune homme sont compatibles avec celles causées par les armes de la police. » Si tel est le cas, l'enquête devra confirmer que les conditions d'engagement et les consignes d'utilisation d'un flash-ball par la police étaient réunies.

    Autre interrogation : celle des agissements exacts du jeune homme lors des troubles de dimanche soir. « C'est aussi le rôle de l'enquête qui a été ouverte, précise le procureur. Il convient de confronter toutes les versions. » Sofiane, entendu dimanche soir par la police à l'hôpital, n'a en tout cas pas été placé en garde à vue. L'enquête de l'IGPN pourrait prendre du temps afin de retrouver des témoins, d'exploiter les bandes de vidéosurveillance et d'entendre les policiers éventuellement impliqués.