Coronavirus dans l’Oise : le casse-tête des parents face à la fermeture des écoles

Les papas et mamans de l’Oise ont passé le week-end à chercher des solutions de garde pour leurs enfants, entre débrouille, arrêt de travail et solidarité.

 Compiègne, dimanche 8 mars. Les parents qui télétravaillent vont devoir s’occuper en même temps leurs enfants, une situation parfois compliquée à gérer.
Compiègne, dimanche 8 mars. Les parents qui télétravaillent vont devoir s’occuper en même temps leurs enfants, une situation parfois compliquée à gérer. LP/Antoine Guitteny

    « Lundi et mardi, je ne vais pas aller au travail. Je garde mes enfants et ceux de deux voisins de palier. Mercredi, un autre va prendre le relais et ainsi de suite. On bricole comme on peut. Heureusement qu'on se connaît et que nos gamins s'entendent bien. »

    Comme Maria, une habitante du Bassin creillois, les parents de l'Oise ont passé le week-end à chercher, parfois en vain, des solutions pour faire garder leurs enfants.

    165 000 élèves concernés

    Car dans le département, à compter de ce lundi et jusqu'au dimanche 22 mars, tous les établissements scolaires, publics et privés, plus les crèches et, depuis ce dimanche, les instituts médico-éducatifs, ferment leurs portes. Au total, 165 000 élèves sont concernés.

    Pour les parents qui n'auraient pas d'autre possibilité que celle de prendre un arrêt de travail, une prise en charge exceptionnelle a été décidée par l'Assurance Maladie. « Je n'ai pas d'autre choix. C'est la loi, j'y ai droit et si mon patron n'est pas content, ce n'est pas de ma faute et il peut écrire à Édouard Philippe pour râler », clame Aurélie, une maman du Clermontois.

    «Je me vois mal prendre deux semaines»

    Mais tous les parents ne peuvent pas poser 15 jours. « Je suis en CDD et je viens tout juste d'être renouvelé. Je suis déjà en télétravail. Je me vois mal prendre deux semaines », confie ce salarié du Compiégnois. « Ma grande fille a 6 ans. On alterne entre des puzzles, des dessins animés et quelques jeux. C'est compliqué mais mon employeur en a conscience et a adapté son niveau d'exigence. »

    La solution viendra peut-être de sa femme, employée à l'hôpital de Compiègne où plusieurs médecins ont mis en place une discussion sur un réseau social pour mettre en relation étudiants et parents en galère. « Eux ou de grands lycéens peuvent bien s'occuper d'enfants sur quelques jours, espère Fabrice, un agent de l'établissement. Je ne peux pas laisser mes collègues actuellement. L'hôpital a besoin de tout le monde. »

    «Ne pas demander d'aide aux grands-parents !»

    Pas question en revanche de faire appel aux grands-parents. « Il était hors de question que je fasse venir ma mère. Elle est fragile », reprend Maria. Émilie, croisée ce dimanche au cinéma CGR de Beauvais, abonde dans le même sens concernant la garde de son fils Paul. « Mes parents sont trop âgés, je ne veux pas les mettre en danger », déclare-t-elle.

    « Il ne faut pas céder à la tentation et demander une aide aux seniors, confirme une cadre de santé de l'Oise. Les anciens sont trop vulnérables en ce moment. Il faut les préserver. »

    A Mouy, Hélène, maman de Juliette, 6 ans, s’est démenée tout le week-end pour trouver des activités pour occuper sa fille pendant deux semaines. LP/J.H.
    A Mouy, Hélène, maman de Juliette, 6 ans, s’est démenée tout le week-end pour trouver des activités pour occuper sa fille pendant deux semaines. LP/J.H. LP/Antoine Guitteny

    D'autres papas et mamans vont se retrouver à jongler entre travail et enfants. Hélène, une habitante de Mouy, s'est rendue ce samedi au magasin Cultura de Saint-Maximin pour trouver activités et divers travaux manuels pour remplir les journées de sa petite Juliette, 6 ans. « Il y avait un monde dingue. Je sentais que tout le monde était vraiment désemparé. C'était presque drôle. »

    Son mari abonde : « il est marrant le Premier ministre mais on ne vit pas entouré d'assistants. On a beau avoir un patron compréhensif, prendre 14 jours d'arrêt, ce n'est pas rien. Cela met les collègues dans l'embarras. Et les cours à domicile je veux bien mais enseigner c'est un métier. On ne s'improvise pas instituteur. » Le couple va se débrouiller avec d'autres parents. « On va faire colonie de vacances un jour chacun par semaine. »

    L'entraide entre parents fonctionne

    Dans les villages, cette entraide fonctionne aussi à plein régime. À Clairoix, une chaîne de solidarité de nounous bénévoles s'organise. L'opération est baptisée « Solidarité Clairoix Covid 19 ». « C'est parti d'une simple discussion vendredi soir avec des amis. J'ai appelé le maire et il m'a dit qu'il organisait une cellule d'urgence », sourit Franck Billeau, le père de trois enfants âgés de 13, 9 et 8 ans.

    « On avait un téléphone portable qui ne nous servait plus à la mairie. On a monté une ligne dédiée avec. Il y a beaucoup de personnes qui n'ont pas de famille à proximité, qui ne sont pas trop connues de leurs voisins ou qui travaillent dans des petites entreprises qu'ils ne peuvent pas lâcher », explique le maire (SE), Laurent Portebois. C'est d'ailleurs lui qui assurait le premier tour de permanence au bout du fil ce week-end.

    «On crée du lien intergénérationnel»

    « On a fait passer l'info sur les panneaux d'affichage communaux et sur Facebook. J'ai déjà eu une dizaine de personnes qui se proposent de garder un ou deux enfants à leur domicile », confie l'élu. Le personnel du périscolaire, de la cantine et les adjoints reprendront ce téléphone de la solidarité les jours prochains.

    « L'objectif était de se constituer un fichier de bénévoles pouvant être opérationnels rapidement. Et ça marche, se réjouit Franck. Ma plus grande fille s'est proposé de passer chez les nounous une demi-journée pour jouer à des jeux de société avec les enfants qui seront gardés. D'autres ados se sont aussi rendus disponibles. Au final, on crée en plus du lien intergénérationnel ! »