Dans l’Oise, les caméras vont scruter les mauvais conducteurs

Utilisée par Beauvais depuis 2017, la vidéoverbalisation se développe peu à peu dans le département. Pour lutter contre les rodéos, les mariages agités ou les infractions routières, les caméras sont une arme utile.

 Laigneville, ce dimanche. La ville a reçu en décembre l’agrément de la préfecture lui permettant de vidéoverbaliser.
Laigneville, ce dimanche. La ville a reçu en décembre l’agrément de la préfecture lui permettant de vidéoverbaliser. LP/Benjamin Derveaux

    Le rodéo de trop. Fin mars, deux hommes à moto déboulent à toute allure et sans casque devant l'école maternelle Sailleville, à Laigneville. Il est 16h30 et les parents retrouvent leurs enfants quand l'un des deux-roues vient s'encastrer dans un véhicule stationné devant l'établissement. « C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de blessé », souffle Christophe Dietrich, maire (SE) de la commune. Un incident qui a poussé l'élu « à dégainer » un dispositif qu'il gardait « sous le coude » depuis quelques mois : la vidéoverbalisation.

    À Laigneville, des amendes pour les auteurs de rodéos

    En décembre, la municipalité a reçu l'agrément de la préfecture lui permettant de dresser des contraventions par le biais des caméras installées dans la ville, sous la responsabilité d'un policier municipal. Quatre mois plus tard, le maire décide de taper fort. « On a identifié les auteurs de rodéos et certains ont reçu cinq ou six amendes pour une seule journée », affirme Christophe Dietrich.

    Pont-Sainte-Maxence et Creil vont s'y mettre

    Alors que plus de 250 communes de l'Oise ont équipé leurs rues de caméras de vidéosurveillance, plusieurs pourraient emboîter le pas au maire de Laigneville. Ainsi, en plus de Beauvais et Nogent-sur-Oise, où la vidéoverbalisation est déjà une réalité, Pont-Sainte-Maxence devrait valider le processus en conseil municipal ce mardi. Et Creil vient d'effectuer une demande pour obtenir l'agrément en préfecture. « Ça marche en effet de groupe. Si une commune s'y met, les autres vont suivre », prédit un gradé de la gendarmerie.

    Laigneville, ce dimanche.LP/B.D.
    Laigneville, ce dimanche.LP/B.D. LP/Benjamin Derveaux

    Une mesure qui ne laisse pas indifférent. « Il nous em… », peste un automobiliste de Laigneville. D'autres saluent l'initiative. « La vie d'une personne ou d'un enfant est bien plus importante que les râleurs et les incivilités », signale une habitante sur Internet. Christophe Dietrich, lui, assure que l'objectif n'est pas le tout répressif, même si le système lui permet de verbaliser un feu rouge grillé, un stop coulé ou un refus de priorité.

    « Les policiers sont devant les caméras de façons aléatoires et il y a aussi une part de discernement, car il y a différentes façons, par exemple, de couler un stop, insiste l'élu. Mon objectif est de faire peser une épée de Damoclès sur les gens qui conduisent en prenant des risques inconsidérés. »

    A Beauvais, efficace contre les cortèges des mariages

    Une stratégie qui s'est avérée payante à Beauvais, selon l'adjoint à la sécurité, Stéphane Tisné. Dans la ville, le dispositif, en place depuis 2017, a permis d'endiguer les comportements dangereux des cortèges de voitures lors des mariages. « Ça représente probablement 90 % de la vidéoverbalisation. Mais depuis les premières amendes reçues, on sent que le message est passé, indique-t-il. C'est un outil qu'on utilise avec parcimonie. L'objectif n'est pas de chercher le PV. »

    Pas de tolérance à Pont-Sainte-Maxence

    Contrairement à Laigneville ou Beauvais, il est en revanche un peu illusoire d'attendre une certaine tolérance à Pont-Sainte-Maxence. « Pas le genre de la maison », balaie d'emblée le maire (LR), Arnaud Dumontier. Grâce aux 65 caméras installées dans sa ville, il compte bien verbaliser, lorsqu'elles seront constatées, les 23 infractions citées dans un décret publié en septembre 2018.

    « J'ai fait de la lutte contre l'insécurité routière un des marqueurs de mon mandat, insiste-t-il. Tout le monde a une bonne raison de ne pas respecter les règles mais si j'applique cette tolérance zéro, c'est avant tout pour protéger la vie humaine. »