Dans l’Oise, c’est bien la grippe aviaire qui frappe les animaux du parc de Géresme

    Les premiers résultats ont confirmé que le virus est bien présent dans ce parc public de Crépy-en-Valois. De nouvelles analyses doivent en déterminer la gravité, tandis que les habitants craignent une obligation d’abattre oies et canards. C’est le deuxième cas de grippe aviaire dans l’Oise cette année, après celui qui a décimé les oiseaux du parc du Marais à Longueil-Sainte-Marie.

    Crépy-en-Valois, ce mardi. Les premières analyses ont confirmé que les oiseaux retrouvés morts la semaine passée ont été touchés par le grippe aviaire. LP/Stéphanie Forestier
    Crépy-en-Valois, ce mardi. Les premières analyses ont confirmé que les oiseaux retrouvés morts la semaine passée ont été touchés par le grippe aviaire. LP/Stéphanie Forestier

      À Crépy-en-Valois, derrière les grilles fermées du parc de Géresme, les canards cancanent à en perdre leur bec. Les promeneurs sont nombreux à trouver porte close, ce mardi, et à tenter de décrypter l’arrêté préfectoral en date du 1er décembre annonçant une suspicion de grippe aviaire : deux animaux ont été découverts morts la semaine dernière, une foulque et une oie. Un agent de la ville ouvre les grilles et se fait alpaguer par un couple de retraités chaudement vêtus qui voulaient arpenter le site de 19 hectares. « C’est fermé pour au moins 21 jours », leur lance-t-il.



      Car le couperet est tombé ce mardi : les premiers résultats ont confirmé les craintes des spécialistes. « On n’a pas encore tous les éléments, mais on sait que des volatiles ont été atteints par le virus, confirme Murielle Wolski, deuxième adjointe au maire. Ce qui nous manque, c’est de connaître le variant, de savoir s’il est faiblement ou hautement pathogène. » Les analyses réalisées sur les volatiles morts par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), un service de la préfecture, devraient confirmer ce mercredi leur degré d’infection.

      Crépy-en-Valois, ce mardi. De nombreux habitants ont été déçus de trouver porte close.
      Crépy-en-Valois, ce mardi. De nombreux habitants ont été déçus de trouver porte close.

      Dans le meilleur des cas, les animaux malades seraient abattus et les autres confinés. Le pire scénario, lui, entraînerait l’abattage de l’ensemble des oiseaux du parc. « Nous avons décidé de fermer 21 jours a minima, en attendant d’en savoir plus, reprend l’élue. Mais cela pourra être plus. Il y a une surveillance de notre gardien, des agents municipaux et des services vétérinaires. » Notamment car d’autres animaux « présentent des symptômes évocateurs » est-il écrit sur l’arrêté préfectoral.

      Petite complication : le parc accueille des animaux « résidents » - treize oies et une centaine de canards - mais il est aussi la terre d’accueil de nombreux animaux sauvages. Des cygnes y sont régulièrement aperçus, par exemple, comme le confirme Daniel, un voisin qui discute au portail d’un autre voisin, également prénommé Daniel. Le parc, ils le connaissent par cœur et y allaient tous les jours avant sa fermeture.

      Ce parc «est notre havre de paix à tous»

      « Il y a deux mois environ, j’ai vu un cygne qui avait l’air mal en point, on m’a dit qu’il était soigné ici », assure l’un. « Et moi, en me promenant, il y a peu, j’ai vu une masse blanche sur l’îlot. Cet oiseau ne bougeait pas, poursuit l’autre. Et tu sais que des colverts sont venus dans mon jardin ? » Tous deux concluent, en soupirant : « C’est triste ce qui arrive. » Ce parc, « c’est un Crépynois à part entière, ajoute Murielle Wolski. Il est notre havre de paix à tous. Des écoliers viennent de banlieue parisienne pour le voir, des randonneurs aussi. C’est une pépite. »

      Le parc de Crépy-en-Valois abrite une quinzaine d'oies et une centaine de canards (Archives).
      Le parc de Crépy-en-Valois abrite une quinzaine d'oies et une centaine de canards (Archives). LP/Alexis Bisson

      Une pépite qui a de plus déjà beaucoup souffert. En juin 2019, le site avait connu un épisode grave de pollution de ses eaux. Une entreprise y avait déversé du shampooing périmé causant la mort de plus de 1500 poissons. Puis, plus récemment, en septembre de cette année, un « problème matériel » lié à une pompe de filtrage avait causé une nouvelle pollution, moins grave, des eaux de son étang. Ce dernier avait été pompé et la situation était revenue à la normale.

      Et s’il fallait une preuve que les habitants de la ville tiennent à leur parc : certains s’étaient révoltés, fin septembre, quand la communauté de communes avait décidé de coller des portraits sur les arbres dans le cadre d’une exposition de photographies. Visiblement, on ne touche pas au parc de Géresme.

      2300 oiseaux abattus en septembre à Longueil-Sainte-Marie

      Mais ce qui attend le parc peut être beaucoup plus dramatique, cette fois. Et les alentours, également. Car en plus de voir la population d’oiseaux décimée, le virus, s’il est hautement pathogène, pourrait contaminer les animaux de basse-cour environnants par transmission directe ou indirecte. Si le risque est réel, un arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS) serait pris, comme en septembre dernier à Longueil-Sainte-Marie, où la grippe aviaire avait durement touché le parc animalier du Marais.

      Le travail de toute une vie avait été anéanti, pour son créateur, Éric Vincelle. Plus de 2300 oiseaux avaient dû être abattus pour éviter la prolifération du foyer infectieux. Dans un rayon de 10 km, tous les propriétaires d’animaux avaient dû confiner leurs poules, coqs et autres oies en suivant une réglementation drastique. À ce jour, le parc de Longueil est toujours fermé au public. « Nous devrions le repeupler en janvier mais nous sommes toujours en attente des indemnisations de l’État », confie, amer, Éric Vincelle.