«Désormais, je suis autonome» : dans l’Oise, 134 personnes handicapées bénéficient d'un Emploi accompagné

Cette plateforme spécialisée, qui regroupe trois associations, a été créée en 2017 et se développe. Elle a notamment aidé Pierre Govabault, atteint de troubles psychiques, qui a trouvé un travail pérenne en mairie de Longueil-Sainte-Marie.

Longueil-Sainte-Marie. Pierre Govabault, 50 ans, a une surdité prononcée et quelques particularités comme la timidité, qui empêche le contact avec l'autre... Mais, ses différences le rendent minutieux et il est d'une aide précieuse au service comptabilité de la commune. LP/Stéphanie Forestier
Longueil-Sainte-Marie. Pierre Govabault, 50 ans, a une surdité prononcée et quelques particularités comme la timidité, qui empêche le contact avec l'autre... Mais, ses différences le rendent minutieux et il est d'une aide précieuse au service comptabilité de la commune. LP/Stéphanie Forestier

    Lui, c’est « Pierre de la compta ». Tout le monde le connaît à la mairie de Longueil-Sainte-Marie. « Il est très minutieux, c’est une aide précieuse dans un service comme le nôtre, insiste Angélique Isambourg, responsable comptabilité et Ressources humaines de la municipalité. Son travail est très satisfaisant, du coup, il gère également l’administratif du service animation-jeunesse, comme les inscriptions des élèves au centre aéré. »

    Comme Pierre Govabault, 134 personnes en situation de handicap, réparties dans 61 entreprises, sont suivies dans le cadre du dispositif Emploi accompagné. Dans l’Oise, elle existe depuis 2017 et regroupe trois associations : Un autre regard, La Nouvelle forge et l’Unapei. En France, ce sont 4000 personnes qui sont accompagnées. « Notre objectif est de 10 000 en 2022 », a affirmé la semaine passée, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée du handicap, de passage dans l’Oise.



    Elle a notamment rencontré Pierre, qui lui a raconté sa vie au travail. L’obligation, au départ, de se faire à ses nouveaux collègues, pendant qu’eux apprenaient à le connaître. À 50 ans, il a ses petites manies, une rigueur démultipliée mais a malgré tout besoin d’être épaulé. Ce qui le gêne le plus dans son travail, selon lui, c’est sa surdité… Et sa timidité.

    Arrivé en stage en avril 2016, cette date est désormais gravée dans sa mémoire. « J’ai enfin trouvé un emploi ! Désormais, j’ai ma petite maison à Grandfresnoy, je suis autonome ! » Titulaire d’un BAC + 5 en mathématiques, il s’est d’abord orienté vers l’informatique, « mais cela évolue trop vite pour moi », confesse-t-il. Il est donc suivi depuis longtemps par le centre d’accompagnement et de formation à l’activité utile (CAFAU), un service médico-social d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap mental ou psychique.

    Longueil-Sainte-Marie. Pierre et ses collègues ont développé plusieurs méthodes de travail.
    Longueil-Sainte-Marie. Pierre et ses collègues ont développé plusieurs méthodes de travail.

    C’est le maire de Longueil-Sainte-Marie, Stanislas Barthélémy, qui a longtemps travaillé dans le handicap et est intervenu au Cafau qui a remarqué le talent de Pierre pour les chiffres. « J’ai vécu deux ans dans un foyer avec des personnes handicapées mentales, cela a changé ma façon de voir l’autre, confie l’élu. Au début, c’était un peu compliqué pour Pierre, il y avait des blocages avec certains. »

    Sa conseillère, Corine Zadigue, a donc été d’une grande aide pour expliquer à tous comment bien travailler ensemble. Elle vient encore régulièrement, sur demande de Pierre, lorsqu’il a un moment de doute, ou de ses collègues. « On me sollicite quand il y a des dysfonctionnements et je suis là pour trouver des solutions rapides. »

    «Il paye toutes les factures de la mairie !»

    Et ingénieuses car, désormais, les collègues de Pierre savent s’adapter. Ensemble, ils ont développé des petits stratagèmes. « Quand il bloque sur un dossier, il est capable de passer un temps fou à essayer de trouver la solution, confie Angélique Isambourg. Si je ne suis pas là, je ne peux pas l’aiguiller. Alors, il met une petite alarme sur son téléphone. Dès que cela bipe, il passe à autre chose et on voit ça après. »

    Son autre collègue, Carine Douay, responsable du service jeunesse-animation, travaille avec Pierre sur son autonomie. « Le matin, nous dressons une liste de tâches à réaliser dans la semaine, détaille-t-elle. On s’est adapté l’un à l’autre. » Et depuis, à Longueil-Sainte-Marie, c’est Pierre qui tient les cordons de la bourse : « Il paye toutes les factures de la mairie ! », résume la responsable des Ressources humaines.