Législatives : sollicité mais pas investi, un élu de l’Oise imprime « des centaines d’affiches » pour rien
Patrice Carvalho, maire communiste de Thourotte (Oise), deux mandats de député à son actif, affirme avoir été contacté pour représenter la gauche dans sa circonscription. Alors que l’élu avait lancé l’impression de ses affiches de campagne, il a finalement appris qu’il n’était pas retenu par le Nouveau Front populaire.
Patrice Carvalho, 71 ans, est un visage connu de la 6e circonscription de l’Oise, qui englobe Compiègne Nord et Noyon. Maire (PCF) de Thourotte depuis 1989, président de la communauté de communes des Deux-Vallées, élu député en 1997 et 2012, ce dernier était prêt à remonter le 30 juin prochain sur le ring des législatives. Les tractations au sein du Nouveau Front populaire en ont décidé autrement, mais un peu tard : le presque-candidat avait déjà lancé l’impression de centaines d’affiches.
« André Chassaigne (NDLR : président du groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine à l’Assemblée nationale) m’a sollicité pour faire barrage au RN. Tout le monde me disait Vas-y ! J’en ai parlé avec le secrétaire fédéral du parti communiste et j’ai accepté, retrace Patrice Carvalho. Lundi, c’était bon, mardi, c’était bon. Puis mercredi après-midi, on me dit qu’il faut que je laisse ma place au PS, et mercredi soir, elle était pour les Verts ! »
« Je vais les mettre dans ma chambre »
Pour l’élu, outre son cas personnel, « c’est la machine à perdre ». « En 2022, la Gauche a été représentée par le PS, qui n’a pas d’ancrage local, et c’est le Rassemblement national qui est passé, peste-t-il. On recommence les mêmes erreurs ! Michel Guiniot (NDLR, le député sortant RN) doit se frotter les mains ! Personnellement, les dorures de l’Assemblée ne m’intéressent pas. Je viens d’une famille pauvre de 10 enfants… Mais je connais mon territoire, ses gens et le boulot. »
Au-delà de cette déception politique, Patrice Carvalho se retrouve donc confronté à un autre souci : il avait déjà commencé à préparer sa campagne. « Mardi, j’ai appelé l’imprimeur. Il m’a dit qu’il fallait que j’aille vite car il y avait du monde au portillon. Du coup, j’ai des centaines d’affiches sur les bras, soupire-t-il. On a 106 communes, sachant qu’il faut deux affiches par panneau, pour remplacer la première si elle est déchirée, que des villes comme Thourotte ont six panneaux, ça en fait pas mal ! »
Ce qu’il connaît en revanche, c’est la somme d’argent dépensée : « J’en ai pour un peu plus de 800 euros de ma poche, ce n’est pas dramatique, relativise-t-il. Je vais les mettre dans ma chambre ! » Plaisanterie mise à part, Patrice Carvalho indique désormais préférer se concentrer sur ses deux mandats locaux et sur les projets en cours. « L’imprimeur m’a appelé ce vendredi matin pour me demander si je voulais des bulletins de vote Il m’a dit : On y va ? Je lui ai répondu : Non ! Non ! On arrête tout ! »
