Les sans-papiers ne décolèrent pas

 Les sans-papiers ne décolèrent pas

    Depuis jeudi à Creil, et lundi à Compiègne, des travailleurs intérimaires sans papiers occupent plusieurs agences d'intérim: Adecco, Crit, Synergie, Randstad ou encore Start People. De jour comme de nuit, ils ne bougent pas des locaux qui, pour certains, ont été désertés par les employés et les responsables, laissant les sans-papiers sous la surveillance de vigiles. Et même les procédures judiciaires, entamées par certaines agences excédées, ne semblent avoir aucun effet sur le mouvement.

    L'agence Synergie de Creil avait hier assigné en référé huit travailleurs sans papiers. Le tribunal de Senlis a rendu une décision en faveur du plaignant, demandant l'expulsion des manifestants. Mais les forces de l'ordre ne sont pas venues déloger les travailleurs. Le député communiste dissident et conseiller régional, Maxime Gremetz, s'est impliqué dans le dossier. « Il n'y aura pas d'intervention de la police », assurait l'élu de la Somme hier après être intervenu auprès des services de l'Etat.

    « Tant qu'on n'est pas forcés de partir, on reste »

    Le toujours bouillant député, venu rendre visite aux sans-papiers creillois mardi soir, a interpellé le ministre Brice Hortefeux sur le sujet dès le lendemain à l'Assemblée nationale. Il a également rédigé une lettre au préfet de l'Oise pour prendre la défense de ces travailleurs « qui paient leur Sécurité sociale, leurs impôts et sont dans la légalité totale, sauf qu'on ne veut pas leur donner de papiers ». L'occupation des trois agences creilloises se poursuit donc pour le moment.

    A Compiègne, une soixantaine de sans-papiers squattent toujours les locaux de trois agences d'intérim depuis avant-hier. D'autres agences ont préféré fermer leur porte au public de peur qu'ils ne les envahissent. « Ironie du sort, une jeune fille est arrivée hier au Crit car le Pôle emploi lui avait demandé d'aller s'inscrire à l'intérim. Elle en a fait cinq, elles étaient toutes fermées alors que les gens y travaillaient. Au Crit, par contre, on a pris son dossier! » sourit un gréviste.

    Lundi, un huissier a fait le tour des trois agences prises en otages. « On s'attend à un référé pour nous expulser, comme à Creil, mais tant qu'on n'est pas forcés de partir, on reste », indique Samoura, qui squatte l'Adecco de Margny-lès-Compiègne avec une vingtaine de camarades. En attendant les forces de l'ordre, leur vie s'organise. Ils nourrissent le poisson rouge abandonné par les salariés, déployés sur d'autres agences, font le ménage, leur prière, discutent ou préparent à manger. Les syndicalistes de l'union locale CGT, qui les aident dans leur démarche de régularisation, gèrent toute la logistique. Georges du Rouchet est l'un d'eux. « On a réussi à avoir des couvertures au Secours catholique, on contacte les Restos du cÅ?ur, et aussi les mairies pour qu'elles nous mettent à disposition des douches. A Compiègne, d'après ce que j'ai compris, il faudrait qu'on les installe nous-mêmeâ?¦ »