Oise : en milieu rural, les animaux aussi sont victimes des déserts médicaux

Dans les petites fermes, les vétérinaires manquent à l’appel. Le phénomène n’est pas nouveau mais s’aggrave au fil des années, laissant les éleveurs démunis.

 Comme Patrick Van Daele, 74 éleveurs du plateau picard ont reçu le courrier de la clinique Héliovet leur expliquant qu’ils ne pouvaient plus assurer les soins de leurs bêtes.
Comme Patrick Van Daele, 74 éleveurs du plateau picard ont reçu le courrier de la clinique Héliovet leur expliquant qu’ils ne pouvaient plus assurer les soins de leurs bêtes. LP/Jeanne Cassard

    Cela fait des mois que Patrick Van Daele cherche un vétérinaire pour ses 20 vaches. Éleveur à Esquennoy, ce dernier a reçu un courrier de la clinique Héliovet, de Crèvecoeur-Le-Grand, mettant fin à un partenariat qui durait depuis trois ans. Comme lui, 74 éleveurs du Plateau picard sont concernés par le manque de vétérinaires ruraux.

    « Nous ne sommes plus assez nombreux pour assurer le suivi de tous nos éleveurs, nous avons donc réduit notre périmètre d'intervention », explique le docteur Nicolas Lucas, professionnel au sein de la structure, passée de douze à huit personnes l'an passé, dont cinq spécialisées dans l'élevage.

    Une situation qui s'est traduite par un drame, il y a peu, dans la ferme de Patrick Van Daele. Alors qu'une de ses vaches allait mettre bas, faisant face à des complications, il a tenté de joindre un vétérinaire, sans succès.

    « Ça devient carrément impossible »

    « J'ai essayé de sortir le veau mais je n'ai pas les compétences nécessaires », explique-t-il. Malgré ses tentatives, les deux animaux décèdent. « Résultat, j'ai perdu l'équivalent de 2 000 € », soupire l'éleveur, qui se dit constamment stressé. « Jusque-là ma situation était compliquée mais là ça devient carrément impossible. »

    La clinique a pourtant tout tenté pour recruter de nouveaux professionnels. En huit mois, l'annonce publiée par Nicolas Lucas n'a reçu aucune réponse… Chaque jour, ce dernier parcourt 200 km pour ses consultations. « Être vétérinaire rural est un métier à part, à l'image d'un médecin de campagne, c'est plus fatigant, moins bien rémunéré et plus technique que pour les animaux de compagnie », indique-t-il.

    Le manque de moyens financiers des éleveurs jouerait également. Après avoir fait sept ans d'études, « des vétérinaires sont frustrés de ne pas pouvoir faire certaines interventions car l'éleveur ne peut pas les financer », ajoute Nicolas Lucas.

    Selon David Demarcy, président du Groupement sanitaire de défense de l'Oise, partenaire de l'Etat pour ce qui concerne la lutte contre les maladies des cheptels, 50 des 75 éleveurs quittés par Héliovet, seulement, ont trouvé une solution, qui n'est de plus que temporaire. Un simple répit.