Tricot : «Une bonne choule, ça dure deux heures !»

Au terme d’une partie de seulement quinze minutes, Valentin Tiron et l’équipe des hommes mariés ont emporté la traditionnelle choule du lundi de Pâques face aux célibataires.

 Tricot, ce lundi. La choule aura duré à peine quinze minutes cette année.
Tricot, ce lundi. La choule aura duré à peine quinze minutes cette année. LP/Benjamin Derveaux

    De la sueur, du sang et surtout pas de larmes. « La choule, c'est un truc de vrais durs », lance un spectateur averti, alors que la testostérone vient d'atteindre son pic annuel dans les rues ensoleillées de Tricot. Au milieu des maisons en brique, dans la Grande-Rue, deux groupes de gaillards aux vêtements usés guettent la petite balle en cuir - le choulet - qu'une habitante du village tient entre ses mains.

    Dans quelques minutes, Élisabelle Beirnaert, dernière mariée de l'année comme le veut la tradition, la lancera dans les airs, marquant le début des hostilités.

    Tricot, ce lundi. Élisabeth Beinaert, dernière mariée de l'année, a lancé le coup d'envoi de la choule, comme le veut la tradition. LP/Benjamin Derveaux

    Ce lundi de Pâques, la choule faisait son retour dans les rues de cette commune de 1 500 habitants. Une bataille rangée entre les célibataires et les hommes mariés, avec comme objectif de faire passer le choulet par-dessus l'une des deux maisons situées aux extrémités de la Grande-Rue, terrain de jeu traditionnel. Un cousin éloigné du rugby, dont la pratique remonte au Moyen Âge et qui, pour les hommes y participant, est un rendez-vous incontournable.

    Tricot, ce lundi. LP/Benjamin Derveaux

    Pour Serge, 21 ans et cinq choules au compteur, pas question d'y échapper. « C'est une tradition dans la famille. Mon père l'a gagnée en tant que célibataire et marié. Je vais essayer de faire de même », confie le jeune homme, pas encore marié. À quelques mètres de là, sa sœur Marie-Joséphine, n'est pas sereine. Elle vient pourtant voir Serge chaque année. « Ça m'énerve. Il y a des mecs qui font n'importe quoi. Ça me donne envie de rentrer dedans mais je ne peux pas ! »

    Tricot, ce lundi.LP/Benjamin Derveaux

    Cette année, elle n'aura pas à prendre son mal en patience. À peine quinze minutes après le coup d'envoi et quelques mêlées au sol, une poignée de t-shirts et jeans déchirés, Valentin Tiron, marié et déjà vainqueur du cru 2013, s'est échappé à grandes enjambées en direction de la mairie pour mettre un terme à la partie. Le tout sur une passe de Geoffrey Leguen, qui était reparti avec le choulet l'an dernier. « Les mariés, ça joue toujours plus collectif », souligne un badaud.

    Tricot, ce lundi. Valentin Tiron, homme marié et déjà vainqueur en 2013, est reparti avec le choulet. LP/Benjamin Derveaux

    Déception chez les célibataires, comme Ludovic qui estime que son équipe a « manqué d'expérience ». Du côté de ceux qui ont la bague au doigt, on regrette une partie « trop rapide ». « Une bonne choule, ça dure deux heures. Là je n'ai même pas envie d'appeler ça une choule ! », peste l'un d'eux. « Le problème est que certains mecs se sont mis avec nous alors qu'ils ne sont même pas mariés, lâche David avant d'esquisser un sourire malicieux. Mais bon, c'est la choule. Il n'y a pas de règles ! »