«190 malades du coronavirus sont hospitalisés en réanimation en Ile-de-France »

Aurélien Rousseau, le directeur général de l’Agence régionale de Santé Ile-de-France, alerte sur l’aggravation de l’épidémie dans la région

 Paris (75), le 10 mars 2020. Aurélien Rousseau, directeur général de l'Agence régionale de santé Île-de-France.
Paris (75), le 10 mars 2020. Aurélien Rousseau, directeur général de l'Agence régionale de santé Île-de-France. LP / Philippe de Poulpiquet

    Le directeur général de l'Agence régionale de santé fait le point sur la situation de l'épidémie du coronavirus en Ile-de-France. La moitié des personnes hospitalisées en réanimation dans la région sont âgées de moins de 60 ans, précise-t-il.

    Quelle est la situation en Ile-de-France ce 16 mars ?

    Aurélien Rousseau. L'épidémie s'accélère. Le virus circule activement dans tous les départements d'Ile-de-France, la deuxième région de France la plus touchée. 190 personnes sont hospitalisées en réanimation ce lundi, elles étaient une cinquantaine mardi dernier.

    Qui sont ces patients en réanimation ?

    Il n'y a pas que des personnes âgées, la moitié a moins de 60 ans, il y a des jeunes de tous âges, intubés, ventilés, qui ont de bonnes chances de s'en sortir mais qui vivent une expérience extrêmement lourde et mobilisent les soignants.

    Pourquoi la situation a-t-elle basculé en Ile-de-France en si peu de jours ?

    Nous vivons exactement ce qu'ont vécu d'autres pays, avec une accélération exponentielle quand on franchit un seuil. Et c'est pour cela que le sujet majeur est de casser la chaîne de la contamination. Le virus ne va pas arrêter sa progression, mais nous pouvons la ralentir. La course contre la montre s'accélère pour préparer les hôpitaux, les cliniques, les médecins de ville... Individuellement, cela ne demande pas à réfléchir beaucoup : quand on décide d'aller à une soirée avec des copains, on met en danger la population. En restant chez soi, on protège le reste de la population. C'est mécanique. Car plus la contamination s'accélère, plus il y a de gens malades en réanimation. On n'a sans doute pas été assez clair pour se faire comprendre.

    Les Franciliens partis se mettre au vert risquent-ils de contaminer d'autres régions ?

    Il est normal que les gens cherchent à se protéger. La meilleure protection, ce sont les gestes barrière (se laver les mains très souvent, garder ses distances, éviter les contacts, NDLR) et la première responsabilité, c'est de s'isoler, de limiter au maximum les contacts. Mais il faut aussi éviter de circuler d'une zone en épidémie à une zone qui ne l'est pas encore, pour ne pas accélérer la circulation du virus.

    La cellule de crise de l'ARS a aussi été touchée par le virus, comment gérez vous les défections ?

    Des collègues sont atteints par le Covid 19. Nous appliquons ce qui se fait pour les soignants, on travaille avec un masque sur le visage, on respecte les distances de sécurité, les bureaux ont été étalés sur les étages. Dimanche matin, 55 personnes étaient présentes, personne ne manquait à l'appel sauf les malades... Des renforts sont arrivés ce lundi matin, ils viennent de l'inspection générale des affaires sociales, de la Ville de Paris... Le but est de tenir dans la durée. Nous allons avoir besoin d'endurance. Cela sera long.

    Quand appeler le 15 ?

    Nous entrons dans une crise qui va durer longtemps et il faut absolument préserver le Samu pour les situations qui relèvent de l'urgence. Si vous avez de la fièvre et des courbatures, appelez votre médecin traitant, si ça se dégrade, évidemment que le 15 est là pour répondre, mais il ne doit pas être surchargé par d'autres appels.

    >> Retrouvez le dossier du Parisien sur le coronavirus