Agression violente de trois vendeurs à la sauvette à Paris : le seul suspect condamné à 5 ans ferme

Ryan, 26 ans, a été condamné ce mardi à cinq ans de prison ferme pour avoir participé à ce qui ressemble à une expédition punitive porte de Clignancourt en mai 2022. Face aux magistrats, il n’a livré aucune explication, poussant le procureur à le traiter de « lâche ».

Ryan a été jugé ce mardi par la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. (Illustration) LP/Arnaud Journois
Ryan a été jugé ce mardi par la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. (Illustration) LP/Arnaud Journois

    La scène a été captée par les caméras de vidéosurveillance. Ce jour de mai 2022, trois vendeurs de cigarettes à la sauvette sont posés sur une barrière près du stade Bertrand-Dauvin, porte de Clignancourt (Paris XVIIIe). Il est un peu plus de 20 heures. Un groupe de dix jeunes arrive. Ils sont armés de couteaux, marteaux, bombes lacrymogènes, battes de base-ball. L’agression est éclair.

    Ryan, 25 ans au moment des faits, assène un violent coup de poing à l’un des jeunes hommes connu pour vendre des cigarettes dans la rue. Ses camarades font de même. Coups de pied dans la tête. Aucun mot n’est prononcé. C’est ce qui frappe les témoins, l’absence d’échanges entre les victimes et leurs agresseurs. Le passage à tabac, qui ressemble à une expédition punitive, se déroule dans un silence de mort.



    Quand les policiers arrivent, ils ne découvrent que des dents et du sang sur le trottoir. Ils identifieront plus tard les trois victimes, toutes en situation irrégulière et sérieusement blessées (traumatismes crâniens, fracture mandibulaire, plaie dorsale « non suturable »…) — l’une d’elles se verra prescrire 21 jours d’ITT.

    Pour ces faits d’une « rare violence », selon les mots du procureur de la République, seul Ryan a été jugé ce mardi par le tribunal correctionnel de Paris et condamné à 5 ans de prison ferme. D’autres suspects ont, au cours de cette enquête, été placés en garde à vue, dont le cousin de Ryan. Mais aucun élément ne permettait de les renvoyer dans le box des prévenus à ses côtés. Lui était bien identifiable sur les vidéos.

    « Moi, mon nombril, ma violence, ma lâcheté »

    Le procès n’a hélas pas permis de lever le voile sur les raisons de ce déchaînement de violence. Guerre de territoire entre vente à la sauvette et point de deal ? Ryan, condamné treize fois par le passé, est déjà connu pour des affaires liées à la drogue. Ou y avait-il un autre différend ?

    Ce silence du prévenu laisse le représentant du ministère public sur sa faim. « Il nous enlève le droit d’apporter des réponses », tempête le procureur, le traitant de « lâche ». Et il insiste dans ses réquisitions sur cette lâcheté : « Moi, mon nombril, ma violence, ma lâcheté. » Il demandait une peine comprise entre 6 et 7 ans avec un maintien en détention. Me Géraldine Sorlat, l’avocate du jeune homme, souligne, elle, que son client était bien seul dans le box pour répondre de ces faits et que la prison n’est peut-être pas la sanction la plus adaptée.

    En réponse au procureur, Ryan a tout de même tenu à préciser : « Ce n’était pas mon but de les fracasser. »